''Wealthy stones enchac't'' : références odyséennes dans le théâtre de la Renaissance anglaise et réinvention humaniste d'Homère
Auteur / Autrice : | Sylvaine Bataille |
Direction : | Yves Peyré |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Études anglo-américaines |
Date : | Soutenance en 2008 |
Etablissement(s) : | Montpellier 3 |
Résumé
Cette étude concerne les références odysséennes dans le théâtre anglais de 1558 à 1642, c’est-à-dire les occurrences de noms propres originaires de l’Odyssée, en relation avec le contexte culturel de la période et la réinvention humaniste d’Homère. Deux régimes de relation au poème homérique caractérisent l’Angleterre de la Renaissance. L’un se fonde sur la tentative d’un retour direct à l’œuvre tandis que l’autre repose sur un usage conventionnel des personnages. Je retrace les efforts entrepris pour ressusciter l’œuvre d’Homère, en montrant comment l’appréciation humaniste rompt avec les jugements négatifs de la tradition médiévale. Par sa traduction, Chapman, renouant avec l’idéal pétrarquien, introduit Homère comme l’auteur d’une œuvre personnelle et singulière. Une telle relation est pourtant loin d’être partagée par les dramaturges, y compris par Chapman dans ses propres pièces. L’étude comparée des références odysséennes dans un large corpus dramatique révèle au contraire un rapport distendu avec l’Odyssée, fortement influencé par les normes langagières et les valeurs culturelles héritées de l’humanisme pédagogique. Dès lors l’utilisation ostentatoire et ornementale de références odysséennes renvoie davantage au « trésor antique » qu’à une œuvre particulière dotée d’une trame narrative et d’une diégèse clairement identifiées et perçues. Cette base culturelle offre aux dramaturges un cadre à partir duquel, chacun à leur manière, ils peuvent exprimer leur créativité. L’originalité de Shakespeare s’impose alors comme un trait marquant : loin de rester enfermé dans des lieux communs, son usage des figures odysséennes déclenche l’expression d’une poésie personnelle.