Thèse soutenue

Formes et imaginaire de la fracture générationnelle. De la violence diffuse de la société à la rage de vivre juvénile

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Auteur / Autrice : David Rumeau
Direction : Martine Xiberras
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sociologie
Date : Soutenance en 2008
Etablissement(s) : Montpellier 3

Résumé

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Au lendemain des années 60-70, après le temps des grands changements économiques et sociaux, des explosions culturelles, de la libération des moeurs, de l’improbable, etc. , les années 80 se sont caractérisées par un revirement de la manière d’agir, d’être et de penser de la jeunesse. Ces années, incarnent une date déterminante qui correspond à la fin d’une époque (le tout possible) et le commencement de cet autre monde (« l’agonie ») qui est le notre. On assiste à l’émergence d’une nouvelle tribu de jeunes révoltés, et au glissement de la révolte vers la destruction, le nihilisme passif, le présentéisme… Cette révolte s’inscrit dans le cadre du conflit social, économique, politique lancé par la jeunesse des années 60 contre le système. Le phénomène rock par le biais de ses trajectoires diverses et de ses symboles, nous offre une voix privilégiée à l’interprétation des conduites juvéniles actuelles, et témoigne de la mutation et l’institutionnalisation de la révolte et de l’émancipation en rage de vivre. Aujourd’hui, la révolte, qu’elle soit spectaculaire ou souterraine, se manifeste d’une manière aigue et violente. En l’occurrence, celle qui nous intéresse se caractérise par une tentative de transformer l’auto destruction et le risque, en moyen d’émancipation ou de rébellion. Car, elle implique et explique la gestation d’une “nouvelle sagesse”, et nous oblige à nous interroger sur la place que laisse notre société à sa jeunesse. L’autodestruction, le goût excessif du risque, les comportements suicidaires, sont des suicides épisodiques et progressifs qui contiennent un message inflexible. Le suicide n’est pas seulement le cri de désespoir face à l’indomptable souffrance, ni le témoignage d’une insouciance, de l’état limite ou de l’incapacité à être heureux. Il est aussi quelque soit sa forme, l’ultime mouvement de révolte, l’expression radicale de la colère et de la négation ; une issue à la fois à la révolte, à la résignation, à l’espoir, au pessimisme… La « lente capitulation », cette marche vers la Mort qui inclus la quête de soulagements et de jouissances passagères, n’est pas révélatrice d’instinct de mort. Elle n’exprime pas un désir de mourir, mais l’incapacité, le refus de vivre dans un contexte singulier. Et chaque disparition porte en elle, une condamnation des (sur)vivants et dénonce la “vulgarité” de la capacité et de la volonté acharnée à vivre comme des « poissons de cavernes aveugles ».