Inférence des processus de diversification au sein des Mammifères : l'intérêt des méthodes phylogénétiques macroévolutives appliquées aux Rongeurs et Primates
Auteur / Autrice : | Pierre-Henri Fabre |
Direction : | Emmanuel Douzery |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Biologie des populations et écologie |
Date : | Soutenance en 2008 |
Etablissement(s) : | Montpellier 2 |
Mots clés
Résumé
Une question fondamentale en biologie de l'évolution est de comprendre pourquoi certaines lignées sont très diversifiées et d'autres non. Pendant de nombreuses années, les études du registre fossile ont permis de quantifier les patrons de la diversité du vivant ainsi que les tendances majeures de la spéciation et de l'extinction au cours du temps. Avec l'expansion de nos connaissances concernant l'arbre du vivant, le développement de nouvelles méthodes qui ne se réfèrent pas au registre fossile ont permis d'appréhender ces processus de spéciation et d'extinction. Ces méthodes ont permis de jeter un regard nouveau sur l'histoire macroévolutive des Mammifères. Au sein des Mammifères, les Euarchontoglires représentent le clade le plus diversifié à l'heure actuelle. Au cours du Tertiaire, les Euarchontoglires ont connu une extraordinaire radiation adaptive qui leur a permis d'occuper des niches écologiques très différentes et de se répandre, dans le cas des Rongeurs, sur l'ensemble des continents. Peu d'études se sont intéressées à la macroévolution des Rongeurs et à l'inclusion des données du registre fossile des Primates pourtant très étudiés. Les Euarchontoglires représentent donc un modèle de choix quant à l'inférence des processus de diversification et l'estimation des variations du taux de spéciation au cours du temps. Ici nous présentons pour la première fois une études macroévolutive des Rongeurs et des Primates réalisé à l'aide d'une approche mixte de supermatrice et de superarabre. L'utilisation de l'ensemble des bases de données nucléotidiques pour ces deux ordres a permis l'obtention de phylogénies résolues pour 80 % des espèces de Primates et 60 % des espèces de Rongeurs. Les arbres que nous avons ainsi obtenus nous ont permis d'appliquer des méthodes d'horloge moléculaire relâchée afin de dater les évènements de spéciation au sein de ces clades, puis d'appliquer des méthodes de macroévolution. Nous montrons ainsi l'hétérogénéité du taux de spéciation au sein des Rongeurs vis-à-vis des Primates. Des accélérations du taux de diversification au cours du temps ont été découvertes et analysées chez les Rongeurs et chez les Primates. Elles ont révélé un nombre important d'épisodes de diversifications chez les Muridae + Cricetidae pour les Rongeurs, et les Cercopithecidae chez les Primates. Le lien qu'il existe entre le taux de spéciation et des facteurs de diversification ont été testés. Ainsi l'impact des colonisations et de la masse corporelle sur le taux de diversification a pu être évalué. Ces deux facteurs ont influencé à leur manière le taux de spéciation, mais n'expliquent évidemment pas toutes les variations observées. L'un des résultats important de ces analyses de diversification concerne l'influence de l'extinction sur les estimations des paramètres macroévolutifs dérivés des phylogénies d'espèces actuelles. La réalisation d'un superarbre des Primates fossiles et actuels a d'ailleurs permis de mettre en évidence quelques sources potentielles d'erreur dans les analyses macroévolutives