Evolution morphologique de l'appareil masticateur des Rodentia (Mammalia) et la question de l'hystricognathie
Auteur / Autrice : | Lionel Hautier |
Direction : | Monique Vianey-Liaud, Jacques Michaux |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Paléontologie |
Date : | Soutenance en 2008 |
Etablissement(s) : | Montpellier 2 |
Mots clés
Résumé
Chez les mammifères, l'appareil masticateur est une région très plastique du crâne. Pourtant, les traits morphologiques associés ont été largement utilisés à des fins phylogénétiques. La classification des rongeurs a fait l'objet d'intenses débats depuis plus d'un siècle et demi. Dans cette étude, une quantification de la variation morphologique du crâne, permettant de dissocier la part de la phylogénie et des adaptations dans la genèse des formes, apporte un éclairage nouveau sur les modalités d'évolution de ce groupe et sur les relations d'interdépendance entre crâne, mandibule et dentition. Quatre exemples sont ici développés : 1) La famille des Gliridae a développé une condition zygomassétérique hystricomorphe de manière convergente avec les autres familles de rongeurs. L'apparition itérative de patrons crâniens s'accompagne de changements morphologiques similaires de la mandibule. 2) Sélection et contraintes interviennent dans l'évolution de la mandibule des Sciuridae, mais l'allométrie joue un rôle déterminant dans la structuration de l'espace morphologique. Les formes naines démontrent qu'une telle contrainte locale a pu être dépassée par le maintien d'une contrainte sélective. 3) L'espèce insulaire Hypnomys morpheus des Baléares a offert l'opportunité d'observer une évolution morphologique crânienne liée aux conséquences d'un relâchement des interactions spécifiques lui permettant d'adopter un régime alimentaire plus généraliste que celui de son ance��tre, Eliomys. 4) La quantification de la variation mandibulaire au sein de divers groupements monophylétiques révèle une situation complexe en raison de l'impossibilité, dans quelques cas, d'opter pour l'un des deux types sciurognathe et hystricognathe qui soutiennent la classification sous-ordinale des rongeurs. Une étude portant sur des formes actuelles et éteintes (Diatomyidae, Issiodoromyinae) confirme une acquisition multiple de l'hystricognathie. En conclusion, si l'histoire évolutive des Rodentia reste exceptionnelle par l'intense diversification des lignées, seul un nombre réduit de solutions morphologiques pour la région zygomassétérique et la mandibule ont été sélectionnées. Une telle situation, qui explique les difficultés de classer les rongeurs sur la base de caractères crâniens, a l'avantage de refléter les multiples cheminements suivis par l'évolution qu'une étude quantitative était à même de pouvoir révéler en s'appuyant sur les phylogénies moléculaires et morphologiques récentes