Thèse soutenue

La nature ordinaire face aux pressions humaines : le cas des plantes communes : méthodes de suivis et évaluation de l'impact des activités humaines

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Auteur / Autrice : Jean-Claude Abadie
Direction : Nathalie Machon
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Écologie
Date : Soutenance en 2008
Etablissement(s) : Paris, Muséum national d'histoire naturelle
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences de la nature et de l'Homme - Évolution et écologie (Paris)
Jury : Président / Présidente : Robert Barbault
Examinateurs / Examinatrices : Frédéric Archaux, Hervé Daniel
Rapporteurs / Rapporteuses : Guillaume Decocq, Martin Hermy

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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En raison de leur forte abondance, les espèces communes constituent la majeure partie de la biomasse des écosystèmes, et sont responsables de la plupart des services rendus par ces derniers. En dépit de cette importance, peu d’études ont pourtant été consacrées spécifiquement aux espèces de plantes communes, notamment du fait du manque de données. Au cours de cette thèse, nous avons cherché d’une part à quantifier les variations d’abondance de ces espèces et d’autre part à comprendre quels étaient les mécanismes responsables de ces variations. Pour cela nous nous sommes intéressés aux espèces de plantes les plus communes d’un territoire fortement marqué par l’occupation humaine : la région parisienne. La collecte des données est une étape cruciale de toute étude sur la biodiversité ; la première partie du manuscrit aborde donc des protocoles qui pourraient être mis en oeuvre pour récolter des informations à large échelle, en discutant les biais et les sources de variabilité auxquels sont exposés la plupart des inventaires et suivis de biodiversité. Nous nous sommes notamment interrogés sur la pertinence des méthodes d’évaluation rapide de la biodiversité. Certaines de ces méthodes, connues sous le nom de parataxonomie, se proposent de contourner la pénurie de savoirs naturalistes en dressant des inventaires à l’aide de morphotypes. Au cours de tests de terrain, nous montrons que ce type de méthodes — d’ores et déjà employées pour évaluer la biodiversité dans nombre d’études —ne peuvent êtres considérés comme un outil de suivi satisfaisant, en raison de leur manque de robustesse, ainsi que de leur faible efficacité à détecter des changements de composition spécifique au sein des communautés. À partir de données récoltées selon un protocole standardisé, nous nous intéressons ensuite dans une seconde partie à l’influence des différentes pressions humaines sur les variations d’abondance de la flore commune. Nous montrons qu’il se produit une homogénéisation taxonomique des communautés de plantes communes en réponse à la fragmentation induite par l’occupation humaine et l’artificialisation du territoire d’étude. Ce phénomène est également abordé sous son aspect fonctionnel, ce qui permet de constater que les paysages les plus fragmentés semblent favoriser les communautés d’espèces les plus généralistes. Enfin, en nous intéressant à l’impact de différentes pratiques culturales sur la diversité des espèces de plantes communes à l’échelle de parcelles agricoles, nous montrons l’effet bénéfique de certaines pratiques, telle que l’agriculture biologique, sur ces communautés. L’ensemble de ces résultats nous montre que, lorsque l’on dispose des méthodes de suivi appropriées, il est possible de mettre en évidence un effet des actions humaines sur la flore commune. Dans un contexte de crise de la biodiversité, les plantes communes apparaissent ainsi comme un indicateur de biodiversité prometteur, aux côtés d’autres groupes taxonomiques et d’espèces plus rares.