Polémiques de la "seconde dissidence" : les prises de position d'un sous-champ d'auteurs de RDA émigrés en RFA lors de la "querelle littéraire interallemande" des années 1990
Auteur / Autrice : | Sibylle Goepper |
Direction : | Ralf Zschachlitz |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Études germaniques |
Date : | Soutenance en 2008 |
Etablissement(s) : | Lyon 2 |
Mots clés
Résumé
La période qui s'ouvre avec la chute du Mur de Berlin est, entre autres, marquée par les débats virulents qui touchent la sphère littéraire et ses auteurs. Dans ce contexte, l'étude des prises de position polémiques d'écrivains de RDA émigrés en RFA après 1976 (Biermann, Fuchs, Kirsch, Kunert, Kunze, Loest, Schädlich) permet de souligner le caractère peu opératoire des critères géographiques, politiques et générationnels habituellement appliqués à cette "querelle" et de s'orienter vers une compréhension plus strictement littéraire de ce qui la motive. L'utilisation de la théorie des champs de Pierre Bourdieu met en lumière que le point de vue singulier des auteurs émigrés est le résultat de leur position dans le champ littéraire, située à l'intersection entre la RDA, qui les passe sous silence, et la RFA, qui ne les a pas véritablement intégrés. Cette identité, reflétée à l'aide du terme de "seconde dissidence" (Václav Havel), est à l'origine du discours de légitimité "autonome", autrement dit radicalement indépendant et critique face au pouvoir, qu'ils adoptent dans les années 1990. L'examen de deux polémiques exemplaires - celle qui oppose Wolf Biermann à Sascha Anderson d'un côté ; Hans Joachim Schädlich à Günter Grass de l'autre - ainsi que l'analyse des œuvres qui les provoquent servent à établir que les attaques sont bien dirigées contre diverses formes d'esthétique "hétéronome" présentes dans le champ littéraire allemand. Par la polémique, la "seconde dissidence" entend rappeler à l'ordre les agents dont les pratiques contribuent à ses yeux à dévaloriser le capital symbolique dont les auteurs disposent au sein de l'espace social.