Dire je : augustinisme et rapport à soi dans la poésie spirituelle de langue française publiée entre Montaigne et Descartes (1580-1641)
Auteur / Autrice : | Audrey Duru |
Direction : | Michèle Clément |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Littérature française |
Date : | Soutenance en 2008 |
Etablissement(s) : | Lyon 2 |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Mots clés libres
Résumé
Dans la mouvance des « études culturelles », ce travail conduit une lecture éthique de la poésie spirituelle. Le projet d’écrire un fragment de la « pré-histoire » du sujet et du moi, ainsi que du lyrisme, amène à examiner l’élaboration d’un rapport à soi pratique, voire réflexif, à travers l’énoncé poétique. L’énonciation poétique spirituelle offre-t-elle un dire je fondateur du sujet éthique (qui serait l’équivalent pratique du cogito spéculatif de Descartes, 1637, 1641) ? Un premier temps, intitulé « Poétique de soi », questionne les moyens verbaux et littéraires d’une telle élaboration de soi au tournant du XVIIe siècle. Une écriture marquée par la lecture de Denys l’Aréopagite joue de la crise herméneutique ouverte par le nominalisme, tout en l’utilisant en vue de faire signe et de référer, par l’énigme et le symbole dissimilaire, à un secret. Elle peut être inscrite dans les débats touchant une rhétorique de la personne et de la sincérité, dont sont à l’origine les rhétoriques ecclésiastiques d’Érasme et d’Augustin, relayées notamment par l’entreprise des Essais de Montaigne (1580). Un second temps, intitulé « Politique de soi », met au jour l’importance discursive d’un augustinisme méditatif, à partir de l’examen de la circulation et de l’imitation poétique de méditations augustiniennes apocryphes datant des XIe et XIIIe siècles. Ce courant diffère de l’augustinisme théologique articulé autour de la notion de justification. Nous relevons le rapport à soi qu’il établit aussi bien dans le contexte d’une énonciation mystique que d’une énonciation éthique néo-stoïcienne et questionnons les enjeux publics de la parole personnelle et de l’éthique privée. Elles indiquent une dépolitisation elle-même politique du sujet royal au tournant du XVIIe siècle.