Thèse soutenue

L' écriture et l'idéologie en Afrique noire : le cas du syllabaire vai

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Auteur / Autrice : Mlaili Condro
Direction : Isabelle Klock-Fontanille
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences du langage
Date : Soutenance en 2008
Etablissement(s) : Limoges
Partenaire(s) de recherche : autre partenaire : Université de Limoges. Faculté des lettres et sciences humaines

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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La question du rapport entre l'écriture et l'idéologie en Afrique noire ne peut échapper au discours du "grand partage culturel" entre sociétés avec écriture et sociétés sans écriture. En effet, ce grand partage, épistémologique aussi, lui impose un programme de lecture et un détour par une grammatologie européenne traditionnelle qui refuse à l'Afrique noire toute contribution significative et propre à l'aventure de l'écriture, qui situe l'Afrique noire hors de l'espace et du temps de l'écriture. L'analyse de cette grammatologie et l'étude du syllabaire vai, convoqué comme cas exemplaire et heuristique, montrent que le point de vue dualiste fonde, en dernier lieu, le rapport entre l'Afrique noire et l'écriture sur un plan de rapports de forces, qui situe tout le sens des écritures africaines dans une sémiosis de passivité, de défense et de soumission. Cependant, s'inscrivant dans l'approche discursive de cette recherche, le travail d'analyse s'intéresse plutôt au procès de l'écriture, pour retenir des stratégies énonciatives, des moyens matériels, culturels et sémiologiques mobilisés et déployés par un sujet sémiotique et historique mu par un vouloir-écrire déterminant. Aussi l'attention sémiotique accordée au recours théologique ou mythique (le rêve) de l'énonciation scripturaire permet-elle de rompre avec le type de grammatologie qui voit dans ce recours, entre autres, la nécessité naturelle, réitérée, de palier au défaut sémiotique de la parole en lui adjoignant des signes conventionnels, qui exclut d'avance qu'on identifie un rapport originel entre l'écriture et le pouvoir, qu'on envisage donc une conception plus positive de l'écriture et par là l'originalité de toute grammatologie négro-africaine. En réalité, on doit pouvoir envisager que l'écriture ou toute configuration scripturaire ne trouve la pleine mesure de son sens que dans l'histoire et la pratique qui l'instituent comme valeur et activité de sens pour la société toute entière.