La problématique de l'identité dans la littérature malgache contemporaine d'expression française
Auteur / Autrice : | Nantenaina Germany Rajaonary |
Direction : | Gwenhaël Ponnau |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Littérature comparée |
Date : | Soutenance en 2008 |
Etablissement(s) : | La Réunion |
Mots clés
Résumé
Cette thèse interroge et étudie la littérature malgache d'expression française en se fondant principalement sur l'analyse des œuvres romanesques et théâtrales de Michèle Rakotoson et de Jean-Luc Raharimanana : deux écrivains qui vivent en France. Mais elle élargit cette analyse en questionnant aussi l'oeuvre de deux poe��tes : Élie Rajaonarison et Nestor Rabearizafy, des intellectuels qui, pour leur part, sont restés à Madagascar. Il s'est donc agi, dans cette enquête, de croiser, dans la perspective de la littérature comparée, les perspectives : de quel(s) lieux - politiques, idéologiques, culturels – parlent et, à quels titres, ces écrivains ? La, ou plutôt, les réponses apportées à ces questions permettent de dresser l'état de la littérature malgache d'expression française, en prenant en compte des problèmes qui relèvent de la sociologie de la littérature, problèmes de réception : où les livres de ces écrivains sont-ils lus, et par qui ? Comment sont-ils publiés et diffusés ? Quels messages transmettent-ils ? L'univers que, à des titres divers, reflètent ces romans, ces pièces et ces recueils poétiques est, pour l'essentiel, marqué par une violence qui détermine les modalités spécifiques de l'écriture de chacun des auteurs du corpus. Ces auteurs ont en commun la volonté de briser le silence d'une société et d'un peuple dont les gouvernants ont, souvent selon eux, confisqué ou anesthésié les libertés. Ils dénoncent donc la réalité malgache d'aujourd'hui, que cette réalité soit appréhendée depuis la France, ou qu'elle soit, en quelque sorte, vécue,au plus près, de l'intérieur. Trait remarquable de la plupart de ces œuvres de la violence et de la dénonciation du quotidien : leur volonté de se référer à la tradition orale et à prendre en charge l'imaginaire collectif, d'où la présence, dans ces romans et dans ces poèmes, des contes, des légendes et des mythes qui sont au cœur même de la culture malgache. D'où aussi l'irruption récurrente dans le texte écrit en français d'expressions et de mots de la langue-mère, comme pour faire résonner, dans la langue d'adoption, l'imaginaire poétique de l'oralité malgache originelle. Écrire cela procède, par conséquent, chez ces écrivains de la volonté de sortir l'histoire récente et les mythes hérités du passé de l'oubli, mais ces oeuvres-mémoires s'assignent également et principalement pour but d'éveiller les consciences.