Ingénierie du système d’expression Yarrowia lipolytica pour l’évolution dirigée et l’étude structurale de la lipase Lip2 de Yarrowia lipolytica
Auteur / Autrice : | Florence Bordes |
Direction : | Alain Marty |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Microbiologie et biocatalyse industrielle |
Date : | Soutenance en 2008 |
Etablissement(s) : | Toulouse, INSA |
Résumé
La lipase Lip2 de Y. Lipolytica est un biocatalyseur prometteur d’un point de vue biotechnologique. Elle est déjà utilisée dans l’industrie pour sa capacité à hydrolyser les lipides et présente d’autre part une sélectivité intéressante envers différents types de substrats (résolution de mélanges racémiques, ester de DHA, …). Cependant, du fait de sa faible thermostabilité et d’une sélectivité encore insuffisante, les applications industrielles ne sont pas encore développées pour ses capacités de bioconversion à forte valeur ajoutée. Dans le but d’améliorer les propriétés de cette lipase, nous avons développé au cours de ce travail de thèse deux outils permettant de faire évoluer ce biocatalyseur d’intérêt par évolution dirigée d’une part et par évolution rationnelle d’autre part. La première partie de la thèse a donc consisté à mettre au point un système d’expression pour le criblage haut débit d’activités enzymatiques chez la levure Yarrowia lipolytica. Le principal apport réside dans la construction de la souche JMY1212, qui contient une plate-forme d’intégration génomique où la cassette d’expression va s’intégrer de manière ciblée. Ainsi, les taux de transformation, le niveau d’expression, et la répétabilité du système ont été rendus compatibles avec le criblage haut-débit. La reproductibilité du système a également été assurée par l’utilisation d’outils robotisés et l’optimisation de la croissance et de l’expression protéique en microplaque. Ces travaux ont permis d’obtenir le premier système d’expression eucaryote dédié à l’évolution dirigée d’enzymes. Ce système d’expression a été utilisé pour construire une banque de variants de la lipase Lip2. Un crible sur la thermostabilité a permis d’obtenir un variant de thermostabilité améliorée. Les temps de demi-vie ont été améliorés d’un facteur 21 à 127 selon les températures. Cette caractérisation a permis de mettre en évidence que l’agrégation de l’enzyme et l’interchange des ponts disulfures étaient les principaux mécanismes impliqués dans la dénaturation thermique de Lip2. L’étude des relations structure-fonction d’une enzyme passe par la connaissance de sa structure. Des essais de cristallisation de l’enzyme ont donc été initiés. L’obtention de cristaux utilisables pour la détermination de la structure 3D a nécessité la déglycosylation de l’enzyme par voie enzymatique. Plusieurs conditions de cristallisation ont été obtenues. L’une d’entre elle a permis l’enregistrement d’un jeu de données à 1,7 Å. Différentes méthodes pour recouvrer l’information de phase ont été expérimentées. Le phasage des données par remplacement moléculaire n’a pas permis de donner de solution. Les techniques de phasage ab initio (remplacement isomorphe ou MAD) sont en cours ; à ce jour cependant aucun des métaux lourds testés n’est fixé dans l’édifice cristallin. La méthode de bioincorporation de sélénométhionines directement dans la lipase, qui paraît la plus prometteuse, a été initiée. Ce type de production n’a encore jamais été réalisé chez Y. Lipolytica et les premiers résultats, bien qu’encourageants, demandent encore des mises au point. Par ailleurs, un modèle de la structure 3D a pu être généré par homologie avec des enzymes de structure tridimensionnelle connue. Celui-ci a permis de cibler avec succès des acides aminés à modifier pour améliorer la résolution de mélanges racémiques d’intérêt pharmaceutiques.