Le paysan français, un enjeu idéologique au XIXe siècle : perspectives françaises et perspectives sur la France
Auteur / Autrice : | Chloé Gaboriaux |
Direction : | Lucien Jaume |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Science politique |
Date : | Soutenance en 2008 |
Etablissement(s) : | Paris, Institut d'études politiques |
Résumé
Dans une France encore très rurale, l’instauration du suffrage universel masculin en 1848 fait des paysans un enjeu électoral majeur. Ce que montre cette thèse, c’est qu’elle en fait aussi un enjeu idéologique pour les forces politiques en présence, qui cherchent à donner des comportements politiques du monde rural une explication propre à conforter leur position. Les conflits qui naissent à leur propos sont révélateurs des conceptions de la représentation qui président à l’entrée des masses en politique. Ils soulignent notamment le rôle du bonapartisme rural dans la formulation des thèses républicaines et des amendements qui lui sont apportés au cours du XIXe siècle. Parce que le vote des paysans remet en question les attentes des républicains, il les oblige à repenser les rapports qu’ils avaient jusqu’ici établis entre le progrès matériel et l’engagement politique, la sociabilité communale et l’accès à la citoyenneté, la liberté civile et la liberté politique. L’analyse de la figure du paysan à un moment où la validité des projets politiques repose en grande partie sur leur pertinence sociologique permet ainsi de donner un nouvel éclairage aux clivages qui opposent alors les différentes familles politiques et divisent le camp républicain lui-même, en particulier dans les débats suscités par l’idéal de démocratie directe porté par les radicaux, la question de la décentralisation ou encore les lois constitutionnelles de 1875. En s’attachant à scruter l’imaginaire social et géographique qui sous-tend les positions politiques, elle souligne les enjeux idéologiques majeurs soulevés par les diverses réponses institutionnelles apportées à la question de la représentation.