L'islam introuvable : la construction de l'objet islam par les sciences sociales et l'expertise publique en France et aux Etats-Unis (depuis la fin du XIXe siècle)
Auteur / Autrice : | Nadia Marzouki |
Direction : | Olivier Roy |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Science politique |
Date : | Soutenance en 2008 |
Etablissement(s) : | Paris, Institut d'études politiques |
Mots clés
Résumé
Cette thèse démontre d’une part que l’histoire de l’objectivation de l’islam par les sciences sociales en France et aux États-Unis est, en dépit des nombreuses différences qui distinguent les débats académiques des deux pays, caractérisée par une même succession de trois modèles théoriques : le holisme culturaliste, la théorie de l’action collective et la théorie de la construction individuelle des normes religieuses. D’autre part, nous analysons le rapport entre les acteurs scientifiques (chercheurs et experts) et les acteurs politiques en renvoyant dos à dos le point de vue de la recherche désintéressée ou de la délibération rationnelle et le point de vue de la domination. Le rapport entre acteurs ne relève ni de la coopération ni de la compétition (domination-résistance), mais plutôt de l’imitation. En nous appuyant notamment sur la notion, élaborée par Jon Elster, d’ «usage stratégique de l’argumentation» et sur celle, élaborée par Timur Kuran, de «falsification des préférences», nous suggérons que, si l’on retrouve les mêmes raisonnements et les mêmes recommandations chez divers acteurs, cela ne signifie pas qu’ils aient été directement influencés ou dominés par d’autres acteurs. C’est ce qu’a permis de faire apparaître l’étude des pratiques argumentatives des participants à la commission Stasi et celles des experts d’un échantillon de think-tanks américains. L’influence et la domination apparaissent ainsi dans notre démonstration comme la conséquence indirecte, construite ex post, de la tendance commune à tous les acteurs à régler leur préférences et leurs arguments sur ce qu’ils croient être les préférences et les arguments d’autrui, à imiter un modèle imaginé.