La controverse autour de l'embryon en France de l'apparition de la fécondation in vitro en 1978 au vote des lois de bioéthique de 1994 : une approche "argumentativiste" des croyances "éthiques"
Auteur / Autrice : | David Smadja |
Direction : | Jean-Marie Donegani |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Science politique |
Date : | Soutenance en 2008 |
Etablissement(s) : | Paris, Institut d'études politiques |
Résumé
Après la première fécondation in vitro en 1978, une controverse apparaît au sujet de la situation des embryons conçus in vitro, et plus particulièrement des embryons surnuméraires, dont le destin est plus problématique dans la mesure où ils ne sont pas destinés à être réimplantés. La question, formellement énoncée dès 1984 par le Comité consultatif national d’éthique, passe au premier plan avec son avis de décembre 1986 qui estime que «le fondement et la mesure du respect dû à l’embryon peuvent être argumentés en raison». Enfin, entre 1992 et 1994, lors de l’examen des lois de bioéthique, députés et sénateurs placent cette question au cœur du débat parlementaire et décident de restreindre la liberté de disposer des embryons in vitro. Notre recherche s’attache à expliquer le processus sociopolitique qui aboutit au vote de ces lois en éclairant les mécanismes délibératifs par lesquels s’articulent des croyances qui ressortissent à la sphère privée et, ce faisant, à rendre compte de la fabrique du modèle français de bioéthique, en tant qu’il constitue une réponse politique au contexte inédit issu de l’innovation de 1978. Plus précisément, nous visons à mettre à jour un «schéma éthique» qui associe valorisation de la protection de l’embryon et reconnaissance du caractère indécidable de sa situation. A cette fin, à l’aide du modèle argumentativiste introduit par Chaïm Perelman, nous formons l’hypothèse selon laquelle la confrontation des croyances relatives à l’embryon in vitro revêt un caractère spécifiquement rhétorique en prenant la forme d’une interaction argumentative, puis nous la vérifions partir de l’analyse des productions du CCNE consacrées à l’embryon et des débats parlementaires qui ont accompagné l’examen des lois de 1994.