Thèse soutenue

Analyse spatiale des relations entre les hommes et les chimpanzés dans la région de Boké (Guinée)

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Auteur / Autrice : Vincent Leblan
Direction : Philippe DescolaFrédéric Joulian
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Anthropologie sociale et ethnologie
Date : Soutenance en 2008
Etablissement(s) : Paris, EHESS

Résumé

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C'est essentiellement sur la mise en évidence de comportements non adaptatifs chez les chimpanzés (''Pan troglodytes vertus'') que s'appuient les travaux sur les traditions animales, dont l'éthologie a rendu compte en mobilisant massivement la notion de ''culture'' depuis trente ans. Mais seuls les comportements produits dans un milieu aussi ''naturel'' que possible, c'est à dire préservé de toute intervention humaine, sont véritablement qualifiés de ''culturels''. Prenant le parti inverse, la présente recherche fut conduite dans des espaces ouverts aux interactions entre les chimpanzés et les cultivateurs Peul et Landouma de la région de Boké (nord-ouest de la Guinée). Elle met à contribution les méthodes de l'ethnographie, de l'histoire et de l'éthologie dans l'étude de cet habitat. Les traces physiques de la présence des chimpanzés (nids, restes alimentaires, feces) sont examinées en contexte ethnohistorique et font l'objet d'une analyse spatiale sous SIG (Sysytème d'Information Géographique), grâce à un support cartographique élaboré à partir d'une image satellitaire. Il ressort de cette analyse que l'histoire de l'anthropisation des milieux, loin de nuire à la compréhension des dynamiques socio-spaciales et alimentaires de ces animaux, agit au contraire comme un révélateur de leurs capacités d'innovation et de leurs traditions. Partie d'une réflexion générale concernant le processus d'hominisation, cette approche questionne la notion de ''représentation collective'' en usant de la fécondité du comparatisme interspécifique : anthropoïdes actuels, hommes modernes et homidinés anciens. Ces découvertes ont également des implications pour les questions relatives au façonnement et à la gestion dite ''participative'' de l'environnement biophysique en Afrique de l'Ouest, engageant tant les hommes que les animaux ou les génies de la brousse.