Thèse soutenue

Les Maîtres de l'heure : moments eschatologiques en islam méditerranéen (1847-1908)

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Auteur / Autrice : Mouloud Haddad
Direction : Hamit Bozarslan
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sociologie
Date : Soutenance en 2008
Etablissement(s) : Paris, EHESS

Résumé

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Le présent travail s'articule autour de l'hypothèse suivante : vers le dernier quart du XlXe siècle règne en Méditerranée musulmane une « ambiance» eschatologique où l'espérance messianique se mêle à la crainte de l'Heure dernière. La première partie explorera les peurs eschatologiques - perdre sa terre et perdre sa foi - à travers le volet algérien de notre recherche. La conquête de l'Algérie est en effet perçue par nombre d'observateurs de l'époque comme le théâtre privilégié d'une lutte plus globale entre Chrétienté et Islam. Aussi, nous tenterons de comprendre le processus de dépossession réelle et/ou symbolique - du point de vue des vaincus puisque pour les vainqueurs il ne s'agit pas de la conquête d' un nouveau territoire mais de la reconquête d'un territoire perdu - d'une partie du Dâr al-Islâm. La peur de perdre sa religion quant à elle, synchronique à la première, sera évoquée à travers l'analyse de projets, plus ou moins utopiques, de conversions de musulmans au christianisme. La seconde partie sera quant à elle consacrée à l'examen de l'attente mystique et politique du Sauveur qui marque le temps messianique. Nous essaierons d'abord de comprendre comment la question des confréries religieuses a donné naissance au concept de « péril confrérique» porté par une littérature coloniale qui a forgé une image à la fois inquiétante et romanesque du mahdi des tribus, le fameux maître de l'Heure algérien. Puis, de la Méditerranée à la mer de Chine, nous verrons comment le panislamisme du Calife-sultan ' Abdul-Hamîd II a pu se parer de nombreuses qualités messianiques et comment le Japon de l'empereur Meiji, vainqueur de la Russie en 1905, a pu être perçu comme le sauveur de l'Islam par une certaine élite panislamiste, à la fois anti-hamidienne et occidentalisée. Dans la troisième et dernière partie enfin, nous examinerons deux indices qui selon nous marquent le temps millénariste : le martyre et l'exil. . .