Thèse soutenue

La construction sociale du risque à Medellin (Colombie) : gouvernance locale et représentations

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Auteur / Autrice : Juanita Lopez Pelaez
Direction : Alain Musset
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Géographie
Date : Soutenance en 2008
Etablissement(s) : Paris, EHESS
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales

Résumé

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Ce travail analyse le processus de construction du risque à Medellin (Colombie). Depuis le milieu de XXe siècle, les désastres « naturels », liés à des glissements de terrain, à des inondations et à de crues subites, ont provoqué la mort de plus d'un millier de victimes, affectant plus de cinquante mille personnes et détruisant plus de cinq mille logements dans l'agglomération. Bien que la ville a été marquée par des grandes catastrophes dans le sens classique du terme, comme celle de Villatina en 1987, les désastres qui ont lieu sont dans la plupart des « petits désastres» affectant quotidiennement les habitants des zones informelles dont les « grands effets » accumulés ont été historiquement banalisés par les habitants eux-mêmes et par les pouvoirs publics. La répartition des désastres dans la ville exprime très nettement la manière dont les segmentations sociales ont eu lieu. Elles découlent d'une répartition hétérogène des ressources et des réseaux techniques dans un site géographiquement contraignant. Ce contexte reflète une situation commune aux villes andines et en général aux agglomérations urbaines du sud. L'intérêt principal du cas ici mobilisé tiennent du fait qu'il s'agit d'une ville où une grande quantité de ressources ont été investies au cours des trois dernières décennies dans l'évaluation et la gestion du risque. Medellin est aussi l'espace urbain où les risques de tout genre et à tous les niveaux d'échelle coexistent dans un amalgame difficile à démêler, ayant trait notamment, au conflit armé du pays, ce qui rend leur étude particulièrement complexe. Ce contexte très particulier nous a permis de mettre en relation, à partir d'une large enquête de terrain, les problèmes urbains et les solutions apportées tout en mettant en dialogue les discours, les pratiques et les représentions sociales des différents acteurs qui participent à la gestion. Le travail s'organise en trois parties: dans la première partie, sont analysés les effets accumulés des désastres, portant une réflexion, dans une perspective historique, sur les causes sous-jacentes de la vulnérabilité ainsi que sur les racines de la construction d'un discours local autour du risque. La deuxième partie porte sur les stratégies de gestion mises en place à partir du moment où le risque dit naturel a été objectivé comme un problème public. La dernière partie porte sur les tensions qui existent entre gestion du risque et réponse aux urgences et sur les difficultés auxquelles se heurte la gouvernance du risque à partir d'une analyse bottom-up des relations qui se nouent entre les différents acteurs.