Institution des imaginaires collectifs et institutions de mémoire à Taïwan : aux origines d'une composition identitaire éclatée (1945-1978)
Auteur / Autrice : | Wei-i Lee |
Direction : | Yves Chevrier |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Histoire et civilisations |
Date : | Soutenance en 2008 |
Etablissement(s) : | Paris, EHESS |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales |
Résumé
Notre thèse explore le processus de formation au sein des institutions de mémoire d'une composition identitaire éclatée à Taïwan, de la sortie de la colonisation à la sortie de la dictature, sous les deux angles de la construction identitaire et de la formation étatique sur l'île. L’analyse distingue une gamme d'imaginaires collectifs, construits par l'appareil étatique et les acteurs sociaux, qui s'emboîtent et se succèdent dans les musées et les comités des archives: un imaginaire de la résistance anti-japonaise puis anti-communiste, un imaginaire de la révolution formulé aux niveaux provincial puis municipal, un imaginaire national de la civilisation chinoise légitimant le pouvoir insulaire au nom d'une Chine légitime, un imaginaire des traditions locales transféré des pays perdus aux communautés anciennement immigrées sur l'île. L’analyse de ces usages diversifiés du passé montre que l'hégémonie des représentations imposées par la dictature supposait la normalisation et l'annexion des l multiples facettes imaginaires d'une société hétérogène par un modèle politico-culturel correspondant à celui de la dernière période impériale. L’indétermination identitaire qui a depuis lors caractérisé la démocratie taïwanaise apparaît ainsi moins comme une rupture absolue que comme la suite d'une histoire longue ponctuée par les modifications du paysage politique.