Réseaux savants et enjeux classificatoires dans le traité de psychiatrie de l'Encyclopédie médico-chirurgicale (1947-1977) : l'exemple de la notion de psychose
Auteur / Autrice : | Emmanuel Delille |
Direction : | Jacqueline Carroy |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Histoire et civilisations |
Date : | Soutenance en 2008 |
Etablissement(s) : | Paris, EHESS |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales |
Mots clés
Résumé
Le mot psychose est le mot savant qui s’est imposé pour dire la folie. La perspective adoptée pour en cerner les enjeux est l'histoire des sociabilités savantes. Les dates (1947-1977) ont été choisies en fonction de l'activité d'un psychiatre français, Henri Ey, au centre du groupe l'Evolution Psychiatrique après-guerre. A partir du Traité de Psychiatrie de l'Encyclopédie Médico-Chirurgicale (EMC) qu'il a dirigé jusqu'à la fin de sa vie, j'étudie la permanence d'une tradition de pensée qui regroupe les maladies mentales dans les classifications psychiatriques en deux catégories, « psychoses aiguës» et « psychoses chroniques ». La thèse retrace la genèse du mot psychose et analyse la relance du groupe de l'Evolution psychiatrique jusqu'à la publication de l'ouvrage collectif (1955). La conception « organo-dynamique » d'Henri Ey, inspirée du neurologue anglais John Hughlings Jackson, s'est imposée comme fil conducteur pour établir des liens entre les enjeux de la notion de psychose, les travaux des collaborateurs à l'EMC, et l'histoire des maladies mentales sur une plus longue durée. La lecture des textes s'attache à une série de quatre thèmes principaux : le délire aigu ou chronique, la psychose endogène, la conception néo-jacksonienne de l'épilepsie et la ou les conceptions psychanalytiques de la schizophrénie. Enfin, j'envisage les textes de mise à jour de l'EMC (1956-1977) sous la forme d'un épilogue, où l'on observe une tension entre la classification dont la notion de psychose est solidaire et une série d'innovations médicales intellectuelles et culturelles, mais aussi de contestations (antipsychiatrie). Au terme de la période observée je me demande si les larges groupes de maladies mentales considérés par le passé sous le mot psychose ont toujours une place face à ces bouleversements. L'orientation de certains collaborateurs d'Henri Ey, comme Henri Ellenberger et Georges Lantéri-Laura, vers l'histoire et ses méthodes, rompt avec le projet d'une psychopathologie générale