L'intérêt général (maslaha 'âmma) ou le triomphe de l'opinion : fondation délibératoire (et esquisses délibératives) dans les écrits du publiciste syro-égyptien Muhammad Rashîd Ridâ (1865-1935)
Auteur / Autrice : | Dyala Hamzah |
Direction : | Hamit Bozarslan, Gudrun Krämer |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Histoire et civilisations |
Date : | Soutenance en 2008 |
Etablissement(s) : | Paris, EHESS en cotutelle avec Freie Universität (Berlin) |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales |
Mots clés
Résumé
Cette thèse constitue une lecture révisionniste de Muhammad Rashîd Ridâ (1865-1935), figure emblématique de la Renaissance arabe (Nahda) et du réformisme musulman, fondateur de la célèbre revue cairote al-Manâr (1898-1935), et père putatif du salafisme, du panislamisme, voire, du nationalisme arabe. En déplaçant l'accent analytique de «l'islam» vers «le journalisme », d'une doctrine religieuse idéologisée vers une profession mondaine en devenir, ce travail entendait restituer une cohérence mise à mal par la majorité des travaux antérieurs. Mal lu, Ridâ justifie paradoxalement d'une littérature dense qui agit tel un écran de fumée entre nous et ses textes. Il s'agissait donc d'isoler le dispositif fumigène (le paradigme jurisprudentiel) et d'analyser les procédures positives mobilisées par Ridâ pour opérer ce passage historique du 'ilm (science islamique) vers la sihâfa (journalisme). Le recours journalisé à la notion jurisprudentielle de maslaha 'âmma (intérêt général) fut le ressort de ce passage, qui permit à Ridâ d'établir les fondements de l'opinion publique. En arguant d'une équivalence terme à terme des institutions de l'Etat-nation européen et de leurs «homologues » islamiques, Ridâ publiciste ouvrit subrepticement la porte à une extension sans précédent de la juridiction de l'« islam», inaugurant ainsi le «tournant salafiste». En replaçant l'entreprise de Ridâ dans le cadre de l'Empire ottoman finissant, dont le sursaut réformiste, pendant la période dite des Tanzimât (1839-1876), fut précisément dans le recours bureaucratisé à cette notion de maslaha, nous justifiions la raison pour laquelle le legs du « dernier des Ottomans» fut si contrarié.