Flaubert et Maupassant : l'esthétique du traumatisme, de la douleur à la création
Auteur / Autrice : | Aude Cousaert |
Direction : | Gérard Farasse |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Lettres |
Date : | Soutenance en 2008 |
Etablissement(s) : | Littoral |
Mots clés
Résumé
Notre projet se propose de considérer la face blessée de l’œuvre de Flaubert, comme celle de Maupassant, de les contempler à l’aide de la vérité traumatique de la condition humaine. Le fait catastrophique va contraindre à un travail d’écriture. En restant en souffrance, en attente de représentations psychiques auxquelles se relier, le traumatisme ouvre des royaumes de créativité littéraire. Pour lutter contre celui-ci et la solitude dans laquelle se débat l’individu, les textes prescrivent une alternative : l’insuffisance du sujet chez Flaubert ou la multiplicité du sujet chez Maupassant. L’esthétique de Flaubert est contenue dans cette flexion infinie du même. Son ���uvre s’écrit à partir de cette « pulsion à être différent », génialement si possible, mais animée d’une extrême détresse. Devenir une loque devient un art, une mélodie du bavardage, qui enregistre le gâchis d’une existence frappant de stérilité toute rencontre et tout combat. La loque veut jouir radicalement d’elle-même et personne ne jouit d’elle-même comme un convalescent. Elle s’identifie à sa maladie, une « maladie d’idéalité », traduisant ce monde narcissique qui se doit d’illuminer ou d’assombrir l’œuvre. Les sentiments de perte qui excèdent les défenses des organisations limites sont bannis à jamais. Tyrannie de la désappropriation, qui fait qu’en somme, c’est magnifique de n’être rien, et la chose implique toujours plus de ferveur, que d’être quelque chose. Chez Maupassant, l’esthétique mime des points non pensés de la psyché, où le Moi et le non-moi se mêlent en des lieux inconnus. Tous les possibles coexistent et ponctuent l’éphémère et le précaire du vivant. Cette écriture de l’instantané transcrit le découpé et le déchiré de la nature humaine. Maupassant ne se prend pas pour lui-même, mais pour un autre toujours à reformer. Les lettres tiennent lieu d’enveloppe corporelle pour un auteur qui se désagrège. Cette esthétique passionnelle et transgressive équivaut à une guerre civile psychique, qui joue sur le sauvage et le mal poli, n’épargne rien du laid et du maudit. Maupassant tente de saisir, en « arrière-regard » de ses écrits, ce monstre inexpliqué que tout sujet découvre en lui ou chez des objets passionnément aimés.