Différence des sexes et scepticisme chez Montaigne
Auteur / Autrice : | Isabelle Krier |
Direction : | Frédéric Brahami |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Philosophie |
Date : | Soutenance en 2008 |
Etablissement(s) : | Besançon |
Partenaire(s) de recherche : | Autre partenaire : Université de Franche-Comté. UFR des Sciences du langage, de l'homme et de la société |
Résumé
Cette étude est redevable de travaux récents sur le genre, objet de pensée longtemps frappé d'invisibilité en France. Pourquoi Montaigne ? Son discours sur les femmes est-il le simple reflet des mentalités de la Renaissance ou constitue-t- il une hétérodoxie ? La différence des sexes acquiert dans les Essais un contenu philosophique singulier. Cette originalité ne peut être saisie que si l'on prend en considération un lien profond entre cette thématique et le scepticisme moderne. Montaigne aborde ce problème dans le cadre d'une critique du pouvoir. Il instaure un doute sur les idées reçues. Il dresse une satire de la famille traditionnelle autoritaire. Le bouleversement opéré est considérable. Il réside principalement dans une défense de la liberté du sujet. Pour le sceptique, dans l'appartenance d'un individu à un genre, l'imagination joue un rôle incontestable. Dénonçant l'emprise des doctes, Montaigne propose une pédagogie nouvelle qui n'exclut pas les filles. La mise en cause du despotisme conduit à une économie de la transmission et du partage. Les procès de l'Inquisition contre les sorcières illustrent les abus de la raison et du politique. Montaigne leur oppose la clémence. La générosité caractérise l'éthique sceptique. Elle a pour effet de libérer le mariage des conventions hypocrites. On la retrouve avec l'érotique comme respect de l'altérité dans l'hédonisme. Sommes-nous capables, aujourd’hui, d'entendre cet appel à la liberté sans l'aliéner ?