Etendue et limites de la Numidie archaïque : esquisse d'une nouvelle géographie historique des royaumes autochtones
Auteur / Autrice : | Mohamed Tlili |
Direction : | François Favory |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Histoire |
Date : | Soutenance en 2008 |
Etablissement(s) : | Besançon |
Partenaire(s) de recherche : | Autre partenaire : Université de Franche-Comté. UFR des Sciences du langage, de l'homme et de la société |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
La Numidia, pays des Numides, constitue, à côté de l’Africa et de la Mauretania, l’une des trois principales composantes politiques et territoriales de l’Afrique du Nord dans l’Antiquité préromaine. La géographie historique conventionnelle avait limité l’Africa entre la côte orientale de la Tunisie et le Tusca flumen (Oued el-Kébir) de Tabarka, la Numidia, entre celui-ci et le Mulucha flumen (Oued Moulouya) du Maroc, quant à la Mauretania, c’est le pays situé entre cette Mulucha et la côte atlantique. Cette Numidie, définie par l’historiographie conventionnelle, entre Tusca flumen et Mulucha flumen, en plus de son excessive simplification, est démesurément étendue, plus particulièrement, vers l’ouest. Cette vision conventionnelle est d’autant plus incohérente qu’elle réconcilie rarement un certain nombre de données aussi bien onomastiques, religieuses, géographiques, qu’historiques, propres au Regnum Numidiae. Ce qu’on découvre en vérité, c’est une connaissance rudimentaire et insuffisante de la géographie historique de la Numidie et de ses confins, traduite d’ailleurs par l’absence, jusqu’ici, d’un véritable travail monographique et détaillé sur le sujet. C’est à ce manque que notre travail tente d’apporter des réponses. Notre principal objectif est de circonscrire, dés lors, l’ensemble du territoire numide avec autant de précision possible. Nous avons cherché, en conséquence, à formuler ici un projet global de mise au point proportionnel aux dimensions multiples et complexes du sujet. C’est dans cette perspective que nous étions amenés, dans un premier temps, dans le cadre de notre Maîtrise, consacrée à l’évaluation de la documentation géographique et historique disponible et à l’examen critique de l’historiographie en général de la question des confins orientaux de la Numidie avec Carthage, à traiter, en premier lieu, de la problématique des confins numido-puniques. Cette étape nécessaire était une tentative de réponse à la problématique soulevée et un premier essai d’une nouvelle géographie historique de ces mêmes confins numido-puniques. C’est à la consolidation de cet acquis que nous nous sommes employés, dans un second temps et dans le cadre de notre DEA, à développer encore plus cette première esquisse en la généralisant à l’ensemble des confins numido-puniques surtout dans leur section septentrionale, à l’extrême pointe Nord-Est du Tell septentrional tunisien, plus précisément. Pour circonscrire l’ensemble du problème de l’étendue et des limites de la Numidie archaïque et esquisser une nouvelle géographie historique des royaumes autochtones, nous avons estimé, dès lors, que des recherches relativement poussées aussi bien à l’Est, à l’Ouest, au Sud qu’au Centre de la grande Numidie devaient nous amener à une meilleure perception géo-historique de cette entité à la fois géographique et humaine. Il était nécessaire de présenter la Numidie en général, tout d’abord, et d’en donner, ensuite, toutes les définitions connues ainsi que les perceptions géo-ethniques et les explications conventionnelles. En résumé, nous devons rappeler que face à cette image de la Numidie conventionnelle, remarquablement démesurée et contradictoire, nous avons pu, grâce à un certain nombre de révisions concernant les écrits des Anciens, découvrir une Numidie beaucoup moins étendue. C'est à l'Ampsaga flumen (Oued el-Kébir) qu'on doit rechercher le Molochath fl originel, limite réelle entre Maurusii et Masaesylii, et c'est à Oued et-Tine de la région de Tachegga (Thisica) qu'on doit notamment localiser le Tusca flumen de Pline, H. N. , V, 22, 23, limite orientale de la Numidie avec l'Africa propre (Tlili, 2003). Quant au pouvoir de Massinissa, étendu des Maures, voisins de l'Océan, jusqu'aux Cyrénéens, c'est à Euphrantas (Marsa Zaâfrane), à l'entrée de la Grande Syrte, qu'on pouvait le relever. La limite entre Numides Masaesyles et Massyles devait être située au niveau de Tacatua. La réduction de l'étendue de la Masaesylie à l'ouest de l'Ampsaga flumen devait exclure, en principe, la position de Siga comme ville masaesylienne et permettre la recherche de la Cirta ''regia'', nettement plus à l'est de Constantine, celle-ci étant située juste à la limite de la grande Numidie, limitrophe de la Maurétanie. La présence d'une autre Cirta au Kef, plus centrée vers l'est, permet de mieux rééquilibrer cet ensemble géographique et politique