Thèse soutenue

Les TIC de la démocratisation culturelle : principes d'action, accès en public et compétences plurielles : le cas de l'Espace Culture Multimédia de la Friche de la Belle de Mai à Marseille

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Auteur / Autrice : Fabien Labarthe
Direction : Emmanuel Ethis
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences de l'information et de la communication
Date : Soutenance en 2008
Etablissement(s) : Avignon
Jury : Président / Présidente : Emmanuel Pedler
Examinateurs / Examinatrices : Emmanuel Pedler, Serge Proulx, Yves Jeanneret
Rapporteurs / Rapporteuses : Dominique Pasquier

Résumé

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Cette thèse est une contribution à l’étude des politiques de démocratisation culturelle. Elle s’intéresse plus spécifiquement au tournant récent de ces politiques dans le contexte français, caractérisé par l’introduction des Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) comme moyen de favoriser un accès égalitaire aux biens culturels. La problématique de cette thèse peut être formulée comme suit : dans quelle mesure la prise en compte des TIC au sein de la politique culturelle française favorise-t-elle l’émergence d’un nouveau public de la culture d’une part, et celle de dispositifs, de pratiques et d’usages innovants d’autre part ? Pour y répondre, la thèse s’organise en trois temps. La première partie interroge la genèse de la politique publique dont résulte le programme Espace Culture Multimédia (ECM), mis en place par le ministère en 1998. Le fil conducteur de cette partie consiste à opérer un renversement de perspective, en adoptant une posture « bottom-up » attentive à la manière dont les acteurs de terrain contribuent à l’élaboration des principes de l’action publique. La seconde partie de la thèse porte sur la mise à l’épreuve des principes précédemment mis à jour. Comment l’accès public à Internet (et à la culture) s’effectue-t-il de facto au sein d’un ECM ? L’enquête de terrain a consisté en une ethnographie de l’ECM de la Friche la Belle de Mai à Marseille (observations directes et entretiens semi-directifs), conduite sur une période de cinq ans. Nous suivons plus particulièrement les « jeunes du quartier » qui le fréquentent, un groupe de garçons âgés de 13 à 18 ans. Nous nous attachons à retracer le cheminement et les modalités par lesquels ces jeunes accèdent non seulement au lieu, mais aussi à l’utilisation des outils informatiques. Si cette dernière n’est pas conforme aux attendus éducatifs et culturels de la structure, elle favorise des apprentissages réciproques entre pairs, donnant lieu à ce que nous appelons une autodidaxie collective. Mais l’observation sur un temps long révèle un troisième temps des usages. La troisième partie de la thèse montre comment la familiarisation avec l’espace de la Friche, et la proximité avec les activités artistiques et culturelles qui y ont cours, vont finir par produire des « montées en compétences » des adolescents dans le domaine de la création, qui constituent une ouverture à l’esthétique, mais suscitent aussi un désir de professionnalisation. Les compétences techniques acquises à l’ECM sont progressivement réinvesties par les adolescents dans le champ culturel, transformant les « consommateurs » en « producteurs ». La thèse se clôt sur le constat de l’absence de structure-relais susceptible de reconnaître et valider ces compétences, faisant émerger les contours d’un nouveau problème public