Thèse soutenue

Tissu adipeux épicardique : étude morphologique et fonctionnelle

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Auteur / Autrice : Cristina Alina Silaghi
Direction : Anne Dutour-MeyerIleana Duncea
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Physiologie intégrée en conditions extrêmes
Date : Soutenance en 2008
Etablissement(s) : Aix-Marseille 2 en cotutelle avec Université de médecine et de pharmacie Iuliu Hatieganu (Cluj-Napoca, Roumanie)

Résumé

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L’obésité, caractérisée par un excès de masse grasse, est définie par un indice de masse corporelle (IMC = poids (kg)/taille(m)²supérieur ou égal à 30 kg/m². Il s’agit aujourd’hui d’un problème majeur de santé publique en raison de sa fréquence, sans cesse croissante, et de la gravité de ses complications. Au-delà de l’augmentation excessive de la masse grasse corporelle totale qui définit l’obésité, la répartition anatomique de l’excès de graisse joue un rôle déterminant dans la survenue de complications métaboliques et cardiovasculaires. La compréhension de la physiopathologie du tissu adipeux (TA) est par conséquent fondamentale pour tenter d’élucider les mécanismes conditionnant et accompagnant le développement de l’obésité et de ses complications. A la suite des travaux novateurs de Jean Vague (1947), il a en effet été clairement démontré que les complications qui font la gravité de l’obésité sont observées avec une fréquence beaucoup plus importante en cas d’obésité androïde ou abdominale. Cette forme est caractérisée par une répartition du TA prédominant à la partie supérieure du corps, par opposition à l’obésité périphérique (ou glutéo-fémorale ou gynoïde). L’utilisation de l’imagerie médicale moderne a permis d'affiner l’étude de la répartition du TA et de démontrer en particulier qu’une accumulation préférentielle de TA dans la cavité péritonéale, autour des viscères abdominaux, permettait de prédire de façon plus précise le risque de complications métaboliques et cardiovasculaires. Des travaux plus récents ont permis de mettre en évidence que le développement excessif d’autres panicules adipeux spécifiques comme le TA sous cutané (TAS) abdominal profond et le TA cardiaque ou l’accumulation de lipides en dehors du TA (dans le foie ou le muscle squelettique) s’associent également à des complications métaboliques et cardiovasculaires, suggérant qu’une accumulation ectopique de lipides est source de complications. L’étude de l’anatomie humaine montre qu’il existe une quantité variable de TA disposé à la surface du coeur. Il s’agit du TA péricardique, qui comprend deux couches: le TA paracardique et le TA épicardique (TAE). Ce dernier est situé entre le feuillet viscéral/interne du péricarde et le myocarde. Les artères coronaires principales (la coronaire droite, l’inter-ventriculaire antérieure et la circonflexe), après leur départ de l’aorte, cheminent à la surface du myocarde, en contact direct avec le TAE (Figure 1 et 2). Le trajet coronarien intra-myocardique est exceptionnel, le plus souvent les coronaires principales et leurs branches cheminant dans le TAE (Figure 3). Le développement du TAE est variable selon l’espèce. On retrouve une quantité importante de TAE chez le cobaye, le lapin, les grands mammifères et l’homme. En revanche, il est peu développé chez les petits rongeurs, comme la souris ou le rat, utilisés dans les laboratoires de recherche. C’est pourquoi ce TA ectopique a été moins étudié. L’absence de TAE dans certaines espèces prouve qu'il n’a pas d’importance vitale pour le fonctionnement du coeur. De plus, il n’existe pas d’argument en faveur d’un rôle de protection mécanique du TAE. Une étude effectuée chez des animaux sauvages ou domestiques montre que le TAE et le TAV auraient une origine embryonnaire commune, le TA brun (Marchington et al. 1989).