Physiologie thermique et métabolique des immersions prolongées en environnement froid
Auteur / Autrice : | Florence Riera |
Direction : | Lionel Bourdon |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Physiologie intégrée en conditions extrêmes |
Date : | Soutenance en 2008 |
Etablissement(s) : | Aix-Marseille 2 |
Résumé
Afin de mieux comprendre les effets thermo-physiologiques de la plongée prolongée en eau froide, une étude a été conduite chez 10 plongeurs professionnels de la Marine nationale. Ils ont réalisé plusieurs immersions statiques complètes pendant 6 heures à différents niveaux de température d’eau : 34°C sans protection thermique et deux en eau froide (18°C et 10°C) avec une combinaison de protection spéciale. Des mesures thermiques, métaboliques et endocriniennes ont été effectuées avant, pendant et au décours de ces immersions. A 34°C, un équilibre thermique quasi-parfait est maintenu pendant toute la durée de l’immersion et aucun ajustement métabolique significatif n’est observé. En eau froide et malgré la protection vestimentaire, la température corporelle profonde (Tco) diminue de façon régulière et continue pendant toute l’immersion, de façon identique dans les deux situations (36,2 ± 0. 4 °C à la fin). La température cutanée moyenne (mTsk) diminue de façon rapide et importante au cours des 3 premières heures d’immersion puis se stabilise à 25,6 ± 0,8 °C (à 10°C) et à 29. 3 ± 0. 9 °C (à 18°C, la différence est significative, p< 0,05). Dans les deux cas, Tsk au niveau des extrémités (mains et pieds) se stabilise à des niveaux peu différents de la température de l’eau provoquant un inconfort et une gêne considérable au mouvement coordonné. Dans ces conditions, les pertes de chaleurs, bien que limitées, ne sont pas totalement compensées sans évolution majeure de la production de chaleur au cours de l’immersion, malgré une inversion d’utilisation de substrats à mi-parcours avec passage d’une source glucidique préférentielle (lactatémie élevée, QR élevé) à une source lipidique (glycérol et AGL élevés, QR plus bas) préférentielle sous l’effet du frisson et de la stimulation adrénergique. Dans ces conditions, très proches de la réalité de terrain, il semble donc que la production métabolique de chaleur : i) soit principalement liée à la température et aux pertes thermiques cutanées et non à la température corporelle profonde, et ii) ne soit jamais suffisante pour freiner la descente de la température corporelle profonde qui semble inéluctable même s’il apparaît iii) que les plongeurs professionnels ont probablement développé des stratégies de réponse « adaptative» spécifiques à l’eau froide.