Les pieds et les roues dans le sable : touristes pédestres et mécanisés dans le Grand Erg Oriental tunisien : regards croisés sur un espace désertique
Auteur / Autrice : | Marie-Laure Mione |
Direction : | Christian Bromberger |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Anthropologie |
Date : | Soutenance en 2008 |
Etablissement(s) : | Aix-Marseille 1 |
Partenaire(s) de recherche : | Autre partenaire : Université de Provence. Faculté des lettres et sciences humaines (1969-2011) |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
Ce travail qui vise à déconstruire les mécanismes de l'engouement actuel pour les espaces sahariens met en lumière une double approche des territoires désertiques avec, d'un côté, les randonneurs, tenants d'une mobilité ''douce'' et, de l'autre, les utilisateurs de 4x4 et de motos tout-terrain, adeptes de la découverte mécanisée d'un territoire donné. Outre le conflit d'usage entraîné par l'adoption de pratiques opposées voire concurrentielles au sein d'un même espace et la production d'un discours bilatéral nécessairement stigmatisant, l'analyse de ces deux populations touristiques, portées par des attentes, des représentations et des histoires de vie distinctes, révèle l'existence d'une construction différenciée des zones sahariennes et de l'expérience touristique en milieu désertique. L'étude des éléments qui sous-tendent cette envie de désert combinée à l'analyse des différentes séquences composant le scénario touristique pédestre et mécanisé montrent que les randonneurs se définissent par une démarche égotiste et individualisante s'accompagnant d'une faible implication dans l'organisation de leur séjour et d'une relation extrêmement lâche et distanciée à l'espace désertique (environnement géographique, historique et social). À l'inverse, les touristes motorisés privilégient une expérience touristique collective placée sous le sceau du partage et de l'appartenance identitaire, caractérisée par une autonomie progressive, une fidélité au Grand Erg, la création de liens à long terme avec cette région ainsi que l'acquisition graduelle d'une ''culture désertique''. Cette ethnographie en miroir qui illustre la manière dont ces deux catégories de touristes construisent leur enchantement touristique permet, plus largement, de saisir les enjeux qui se jouent derrière les pratiques touristiques contemporaines.