Auteur / Autrice : | Marine Bretin-Chabrol |
Direction : | Philippe Moreau |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Langues et littératures anciennes. Études latines |
Date : | Soutenance en 2007 |
Etablissement(s) : | Paris 12 |
Résumé
Avant que naisse en Occident la figure de l'arbre généalogique, la langue latine compare déjà la famille à un arbre. La lignée est une stirps, "souche, tronc, ou plante", ses descendants en sont les "rejets" ou "rejetons", stirps, suboles, propago, ou la "semence", semen, satus. Son développement est décrit dans les termes de la multiplication des végétaux : "marcotter", propagare, "recéper", recidere, "greffer", inserere. L'adoption, dans laquelle la dimension juridique de la dimension juridique de la filiation se manifeste avec le plus de clarté, est parfois désignée en termes de "greffe". Alors que la filiation humaine relève, quelle que soit la société considérée, d'un système qui n'est pas réductible à la reproduction biologique, les images végétales tendent paradoxalement à présenter l'institution sociale comme un fait de nature. Malgré leur caractère de lieu commun, ces métaphores véhiculent une conception de la filiation fortement orientée. Alors que se développe très tôt à Rome une filiation complémentaire en ligne maternelle, le discours "végétalisant" pose comme un idéal la structure patrilinéaire du groupe de filiation, dans lequel chaque individu ne reçoit son identité que de l'ensempbe, dont il est le représentant provisoire. Les métaphores végétales établissent une limite stricte entre les membres légitimes d'une lignée et ceux qui n'y sont pas intégrés. Cette frontière se reproduit à une échelle sociale plus large, puisque les mêmes métaphores permettent de distinguer les membres de la nobilitas, dotés d'une stirps, et les autres, qui en sont privés. De cette façon, l'ordre observé dans la nature vient légitimer l'ordre social.