Thèse soutenue

Communication entre les plantes et leurs agents pathogènes : rôle des métabolites secondaires dans la reconnaissance du champignon Magnaporthe grisea par le riz

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Auteur / Autrice : Jérôme Collemare
Direction : Marc-Henri Lebrun
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences biologiques. Phytopathologie
Date : Soutenance en 2007
Etablissement(s) : Paris 11
Partenaire(s) de recherche : Autre partenaire : Université de Paris-Sud. Faculté des sciences d'Orsay (Essonne)

Résumé

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Magnaporthe grisea est le champignon ascomycète responsable de la principale maladie du riz, la pyriculariose. Les interactions entre M. Grisea et le riz sont contrôlées par des relations gène-pour-gène impliquant un gène d’avirulence dominant fongique et un gène de résistance dominant de la plante. Le gène d’avirulence ACE1 code une protéine fusion entre une polycétide synthase et une peptide synthétase non ribosomale (PKS-NRPS). Le signal d’avirulence reconnu par le produit du gène de résistance correspondant Pi33 serait le polycétide dont la biosynthèse dépend d’Ace1. La validation de ce nouveau modèle d’interaction gène-pour-gène requiert la caractérisation de ce métabolite secondaire. La région génomique où est localisé le gène ACE1 contient 15 gènes codant des protéines potentiellement impliquées dans une voie de biosynthèse d’un métabolite secondaire. Outre ACE1, ce locus contient en particulier le gène SYN2, codant une autre PKS-NRPS, deux gènes RAP1 et RAP2 codant des énoyl réductases et le gène BC2 qui code un facteur de transcription putatif à doigt de zinc Zn(II)2Cys6. Les quinze gènes de ce locus présentent le même profil d’expression spécifique de la phase de pénétration du champignon dans les tissus végétaux, définissant ainsi un cluster de gènes. Le rôle de ces gènes dans l’avirulence de M. Grisea a été évalué par génétique inverse. Les mutants de délétion du gène SYN2 sont toujours avirulents sur les cultivars de riz possédant le gène de résistance Pi33. Les difficultés pour obtenir des mutants de délétion ou d’interruption pour les gènes RAP1 et RAP2 nous ont conduit à créer un mutant de délétion du gène KU80, impliqué dans la réparation des cassures double brin de l’ADN par jonction d’extrémités non homologues. La souche Guy11-Dku80 présente un fort taux de remplacement de gène qui varie entre 60 et 98% selon les loci, sauf au niveau du cluster ACE1. Ainsi, nous n’avons pu obtenir que deux mutants d’interruption pour le gène RAP2 qui sont toujours avirulents. La répression de l’expression des gènes RAP1, RAP2 et BC2 par interférence par ARN n’a pas conduit à l’obtention de transformants virulents. L’ensemble de ces résultats suggère que seul ACE1 est important pour la production du signal d’avirulence reconnus par la plante. Le gène ACE1 n’est exprimé que dans les appressoria de M. Grisea lors de l’initiation de la pénétration du champignon dans la plante hôte. Plusieurs stratégies ont été mises en œuvre afin d’identifier les réseaux de régulation et les signaux inducteurs impliqués dans l’expression appressoriale d’ACE1. Nous avons démontré que le facteur de transcription bZIP Bip1, impliqué dans la pathogénie de M. Grisea, est essentiel à l’expression appressoriale des gènes du cluster ACE1. Plusieurs motifs putatifs de fixation de facteurs de transcription ont été identifiés dans le promoteur d’ACE1 soit par délétion, soit par l’analyse de la fixation de Bip1. Le facteur de transcription Bc2 codé par un gène du cluster ACE1 pourrait également intervenir dans le contrôle de l’expression de ce cluster. Ainsi, la régulation de l’expression des gènes du cluster ACE1 est complexe et fait intervenir plusieurs facteurs de transcription. Malgré ces connaissances, nous n’avons pas pu trouver de conditions favorables à l’expression des gènes de ce cluster en culture mycélienne afin de produire en grande quantité le métabolite reconnu par les cultivars résistants de riz. Afin de produire ce métabolite, nous avons initié une stratégie d’expression constitutive du gène ACE1 chez M. Grisea. Cette stratégie nécessite une caractérisation du métabolome de la souche sauvage de M. Grisea Guy11. L’extraction des métabolites secondaires produits par le mycélium de Guy11 in vitro à permis d’identifier par LC/MS une vingtaine de métabolites putatifs dont la caractérisation a été commencée. Cette carte de référence permettra l’analyse rapide des métabolites secondaires produits par les transformants exprimant constitutivement ACE1 qui sont en cours de construction.