Thèse soutenue

Les points de vue en linguistique ou comment interpréter le corpus saussurien : enjeux théoriques et applications

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Auteur / Autrice : Rossitza Milenkova-Kyheng
Direction : François Rastier
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences du langage
Date : Soutenance en 2007
Etablissement(s) : Paris 10

Mots clés

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Résumé

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Conformément à notre conviction que seuls les écrits authentiquement saussuriens sont en mesure de valider ou invalider les hypothèses et les interprétations proposées, nous nous sommes attelés, dans cette étude, à explorer le corpus saussurien afin de proposer une interprétation non contradictoire des grandes lignes de la linguistique saussurienne : la circonscription du domaine linguistique, les particularités des objets qu'elle étudie à toutes les échelles, la façon dont les sujets parlants confèrent une réalité à ses objets et la façon dont nous, linguistes, observons cette réalité et construisons sa représentation scientifique à travers nos points de vue, la fine dialectique entre langues et langage et le paramétrage scientifique de l'objet, l'essence du langage vue à travers ses dualités constitutives, etc. La thèse est organisée en trois parties : Dans la première partie la linguistique saussurienne est interrogée à travers son corpus dont les principes de constitution et d'interprétation sont exposés dans le premier chapitre, et confrontée aux diverses « linguistiques saussuriennes » ayant prétendu à ce nom dans le deuxième chapitre, pour déboucher sur les « divisions intérieures » de la linguistique telles que les a formulées Saussure. Le troisième et le quatrième chapitre proposent un examen de deux problématiques fondamentales dans la linguistique saussurienne, celle de l'objet de notre science et celle des propriétés constitutives de cet objet dont la nature est essentiellement duale. La deuxième partie est consacrée aux particularités de l'objet selon la linguistique saussurienne ; elle interroge les rapports entre le langage objectif, phénomène « très complexe », « multiforme », « hétéroclite » et « à cheval sur plusieurs domaines », et le langage objet d'étude tel qu'il nous est présenté par différentes sciences, et qui est un objet construit. Ainsi, le cinquième chapitre examine la construction de l'objet à l'échelle globale (l'objet « langage »), et à l'échelle locale (les objets verbaux qui le composent) afin de cerner le point de vue linguistique à partir duquel est délimité le champ d'observation de la science du langage. Le sixième chapitre étudie les rapports entre théorie et réalité, en mettant en valeur le critère de réalité des faits linguistiques établi par Saussure qui, en rappelant que le « vrai foyer » du langage est dans le sujet, instancie le point de vue du sujet. Le septième chapitre propose une confrontation de l'approche linguistique et de l'approche sémiotique en observant le partage des idées entre ces deux sciences et les héritages historiques reflétés dans l'oeuvre de Saussure. Le dernier chapitre dresse le bilan et plaide pour une reprise du projet saussurien qui, cent ans après sa formulation, fait preuve d'une modernité surprenante capable de donner une nouvelle chance à la science linguistique et d'ouvrir des perspectives inattendues pour les sciences du langage. La troisième partie donne en annexe cinq documents de travail : 1° la liste des cours professés par Ferdinand de Saussure avec indication des notes d'étudiants, 2° Le plan logique de l'Introduction au 2ème cours qui indique la charpente de la linguistique saussurienne, 3° L'édition génétique d'une note liée à la conceptualisation du terme « parole », 4° L'édition génétique des feuillets 255-256 des nouveaux manuscrits saussuriens qui traitent la question de l'identité linguistique en tant que « base irréductible » et point d'entrée « dans la considération des faits particuliers », 5° Un échantillon de la restitution philologique des cours de linguistique générale.