Un demi-siècle de cinéma au Brésil ou l’éternel retour : une incessante quête d’identités de l’Atlantide à la Cité de dieu : l’odyssée du cinéma brésilien
Auteur / Autrice : | Laurent Desbois |
Direction : | Francis Vanoye |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Littérature et sciences de lart |
Date : | Soutenance en 2007 |
Etablissement(s) : | Paris 10 |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
Le feuilleton du cinéma brésilien n’est guère connu à l’étranger hormis l’épisode du cinema novo. Analysons le parcours initiatique d’un cinéma d’apprentissage labyrinthique et cyclothymique, à la lumière de l’histoire socio-raciale et économico-culturelle d’un pays démesuré et disproportionné, géant aux pieds d’argile et éternel pays du futur. Sans cesse en crise existentielle, entre songes et désillusions, victime paradoxale d’un orgueil national et du manque d’auto-estima, il est fasciné par des modèles extérieurs (musical hollywoodien, néo-réalisme et nouvelle vague) et souffre d’amnésies chroniques, constamment en quête d’identité nationale. Après quatre décennies de balbutiements artisanaux naît à Rio de Janeiro la première grande compagnie Atlântida, créatrice de la chanchada, comédie typique locale. Les années 50 voient construire à Sao Paulo le plus grand studio d’Amérique du Sud : sous l’égide du cosmopolite Alberto Cavalcanti Vera Cruz se veut Cinecitta brésilienne. Utopie fracassante qui donnera cependant au pays son premier film primé internationalement : O Cangaceiro lance le nordestern. Face à ce cinéma d’imitation académique surgit le cinema novo dont la caméra du leader Glauber Rocha heurte les réalités du pays. Une génération s’exprime alors à travers un cinéma allégorique offrant une brasilidade séduisant la critique européenne. Depuis les années 60 le cinéma brésilien n’a jamais retrouvé ce souffle créateur. Pourquoi ? La dictature militaire a su réconcilier le public avec son cinéma (Dona Flor) mais la pornochanchada, vulgaire comédie érotique typique, l’a discrédité pour longtemps. Les années 90, après une crise gravissime, sont celles de la retomada : reprise couronnée par deux succès internationaux (Central do Brasil, Cidade de Deus-2002) mais comment lutter contre l’omnipotence de la télévision dans le pays et inventer des formes propres d’ expression ? Un certain cinéma de la cruauté semble aujourd’hui réactualiser le Manifeste Anthropophagique de 1928. Eternel retour ?