Divination et prophétie dans le théâtre de Shakespeare : herméneutique et poétique
Auteur / Autrice : | Yan Brailowsky |
Direction : | Ann Lecercle |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Langues, littératures, et civilisations des pays anglophones |
Date : | Soutenance en 2007 |
Etablissement(s) : | Paris 10 |
Résumé
A partir de huit pièces — deux pièces romaines (Jules César et Coriolan), deux « romances » (Le Conte d’hiver et Cymbeline), trois « histories » (2 Henry VI, Richard II et Richard III), et Macbeth —, il s’agit d’analyser le rôle des prophètes, des prophéties et de la divination dans le théâtre de Shakespeare. En partant de l’analyse de sources antiques (Cicéron et Plutarque) et de sources contemporaines (Bacon et Montaigne, notamment), ce travail montre d’abord que la « survivance » des dieux justifie la « survivance » de pratiques divinatoires. Ainsi, la présence-absence du dieu Mars dans les pièces romaines met en évidence l’influence des dieux sur la destinée des hommes, une influence qui procède par détournement. L’analyse des rituels divinatoires païens, notamment l’oniromancie et la consultation des augures ou des oracles, distingue les prêtres des sorciers interprètes-herméneutes. L’analyse de pratiques païennes déviantes dans un cadre chrétien, le spiritisme et la nécromancie, met en évidence la spécificité des prophéties chrétiennes, tout en posant le problème de l’interprétation de prophéties prononcées par des « esprits » équivoques. L’étude des tétralogies shakespeariennes permet d’explorer le rôle des prophètes autoproclamés dans un cadre historique apocalyptique, et l’importance des noms dans les prophéties dynastiques de la Guerre des Deux-Roses. Enfin, un examen du problème spatial, et non plus simplement temporel, posé par les prophéties, montre à quel point la situation marginale des théâtres élisabéthains fait partie intégrante du caractère prophétique et « outrancier » du drame shakespearien.