L’origine est aux frontières : espace, histoire et société dans une terre d'exil du sud marocain
Auteur / Autrice : | Romain Simenel |
Direction : | Raymond Jamous |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Ethnologie |
Date : | Soutenance en 2007 |
Etablissement(s) : | Paris 10 |
Mots clés
Résumé
Dans le Sud marocain, il est un pays défini par ses habitants comme une terre d’exil, un asile pour des bannis venus de célèbres régions du monde musulman et dont ils affirment être les dignes descendants. Les Aït Ba’amran ne conçoivent en effet en rien leur enracinement en terme d’autochtonie et se veulent constituer une société d’exilés perpétuellement renouvelée par l’intégration d’étrangers. A partir de l’ethnographie d’une ''tribu exil'' du Sud marocain, pour laquelle ''origine'' et ''frontière'' se pensent de concert, l’enjeu de cette thèse est d’analyser dans un même mouvement, celui impulsé par les relations sociales, les régimes d’historicité et modes de perception de l’espace. De la territorialisation des segments politiques à la thérapie des corps, de l’apprentissage du langage par les enfants à l’exploitation du milieu, ou encore des formes de mariages aux formes d’appropriation de la terre, la société se reproduit dans une configuration spatiale et historique particulière : les frontières tribales, tracées par le parcours des saints fondateurs, sont le théâtre d’un jihad incarnant les valeurs musulmanes de la vraie civilisation qui s’oppose à celle des figures anciennes du sol, génies, population noire non descendants d’esclaves, ou encore chrétiens colonisateurs. Selon cette idéologie, le statut musulman de la société n’est jamais acquis et doit être constamment revigoré par l’entrée de nouveaux-venus en qui l’on voit des descendants du prophète Mohammed. Au final, l’étranger se révèle être celui par lequel la société retourne à l’origine prestigieuse de son territoire et de sa culture.