Adaptation intestinale aux lipides alimentaires et effets des polyphénols
Auteur / Autrice : | Sandra Jimena Hernandez-Vallejo |
Direction : | Jean-Marc Lacorte |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Physiologie et physiopathologie |
Date : | Soutenance en 2007 |
Etablissement(s) : | Paris 6 |
Mots clés
Résumé
Le développement croissant des maladies métaboliques telles que l’obésité et le diabète de type 2 peut être rapproché d’une consommation hypercalorique et hyperlipidique. L’absorption intestinale est l’étape qui conditionne la disponibilité des lipides alimentaires pour l’organisme. Une fois dans l’entérocyte, cholestérol, acides gras, monoglycérides et phospholipides servent de substrats pour une synthèse de novo de TG, de PL et de CE. Ils vont être ensuite associés à des apolipoprotéines pour être sécrétés au pôle baso-latéral sous forme de lipoprotéines riches en triglycérides (LRT) tels que les chylomicrons ou bien être mis transitoirement en réserve sous forme de gouttelettes lipidiques cytosoliques. Il a été proposé que l’hypertriglycéridémie postprandiale, anormale par son importance ou sa durée, participait au développement de l’athérosclérose. A l’inverse des études épidémiologiques révèlent que la consommation de fruits et les légumes contenant des polyphénols, a un effet protecteur sur la survenue de maladies cardio-vasculaires. Nous avons donc voulu savoir si d’une part un régime riche en lipides pouvait modifier à court terme la sécrétion des lipoprotéines intestinales et si d’autre part la présence de polyphénols dans la lumière intestinale pouvait moduler cette sécrétion. Nous avons étudié, in vivo sur un modèle de souris susceptible au diabète et à l’obésité (C57Bl/6) les effets d’un régime hyperlipidique athérogène. Nous avons montré qu’après une phase de surcharge lipidique, l’épithélium intestinal était capable de rapidement adapter le profil d’expression de gènes impliqués dans le métabolisme lipidique et d’augmenter sa capacité de transfert des lipides alimentaires par une augmentation de la lipidation de l’apoB48. Cette adaptation nécessite un contrôle coordonné pour lequel un certain nombre de facteurs transcriptionnels sont des candidats potentiels. Les résultats obtenus avec les souris ayant une inactivation des gènes LXRα et β suggèrent que ces facteurs ne jouent pas un rôle majeur dans l’adaptation intestinale. Le deuxième objectif de cette étude a été consacré à l’étude des effets des polyphénols sur la sécrétion de lipoprotéines intestinales. Nous avons mis en évidence que les polyphénols de pomme, et plus particulièrement une fraction enrichie en procyanidines, étaient capables de diminuer l’estérification du cholestérol ainsi que la sécrétion de LRT par les cellules Caco-2/TC7. L’inhibition de la sécrétion des lipoprotéines s’accompagne d’une diminution de la synthèse d’apolipoprotéine B sans que sa dégradation ne soit altérée. Nous avons montré que cet effet n’était pas spécifique à l’extrait de pomme mais que certaines de ces activités étaient retrouvées dans d’autres extraits mais avec des points d’impact parfois différents. Enfin, l’évaluation in vivo suggère que l’administration quotidienne de polyphénols de pomme en même temps qu’un régime hyperlipidique modifie les mécanismes d’adaptation. Ainsi, la composition de notre alimentation pourrait conduire à une régulation différente de la sécrétion de lipoprotéines intestinales qui à son tour pourrait avoir des répercussions délétères ou bénéfiques sur le développement de certaines maladies métaboliques et leurs conséquences pathologiques.