Le tact du peintre, le toucher du philosophe : Chardin et la pensée française du XVIIIe siècle
Auteur / Autrice : | Bertrand Vieillard |
Direction : | Jacqueline Lichtenstein |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Philosophie |
Date : | Soutenance en 2007 |
Etablissement(s) : | Paris 4 |
Résumé
En un siècle où le toucher devient une des préoccupations majeures de la philosophie, la peinture de Chardin met le spectateur en présence d’un analogon visuel du rapport tactile de l’homme au monde. Mais tandis que les philosophes privilégient une approche du toucher qui le définit essentiellement comme désir d’emprise sur les choses à partir du contact qu’il établit avec elles, Chardin fait place, dans le contenu de ce qu’il peint, comme dans sa touche, à d’autres modalités du toucher dont la visée porte sur l’en deçà et l’au-delà du contact. Cette visée singulière est le propre du tact, qui a d’abord une signification dans l’ordre de la perception mais également dans ceux de la constitution de la subjectivité, du rapport entre les consciences et, enfin, de l’affinité objective entre les êtres. Cette approche du toucher étant aussi ce à quoi la science et la philosophie du XVIIIe siècle aspirent secrètement, les tableaux de Chardin sont exemplaires de la manière dont l’œuvre d’un grand peintre révèle à elles-mêmes, tout en les dépassant, les idées les plus fécondes qui lui sont contemporaines.