Le mythe des villes maudites dans les littératures française, anglaise et américaine du vingtième siècle : une esthétique de l’entropie urbaine
Auteur / Autrice : | Frédéric Sayer |
Direction : | Pierre Brunel |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Littérature comparée |
Date : | Soutenance en 2007 |
Etablissement(s) : | Paris 4 |
Résumé
La malédiction biblique de la ville traverse l’Histoire en dévastant la civilisation humaine (Hénochia, la tour de Babel, Sodome et Gomorrhe, Babylone) pour édifier à sa place la première ville d’origine divine, la nouvelle Jérusalem de l’Apocalypse. Au début du XXe siècle, la réécriture biblique se fait ironique et même auto-destructrice. La forteresse intérieure de l’écrivain ne tient plus et le sujet s’abîme dans les fragments modernistes de la ville, qui sont aussi les ruines d’une Europe dévastée. La parole prophétique s’étiole, malgré sa réactivation politique dans les littératures dystopiques, la speculative fiction et le roman noir. A partir de 1945, la malédiction urbaine s’est transfigurée en énergie du mal, selon les lois de l’entropie. La ville comme texte subit une apocalypse du signe en autant de simulacres, les nouvelles idoles d’une culture de masse. C’est pourquoi la métaphore entropique et l’esthétique postmoderne façonnent les fictions urbaines américaines mais aussi le nouveau roman français. Le mythe des villes maudites domine la fin du siècle sur un mode cannibale : il devient le mythe de la disparition du sacré, il dresse un mur de silence dans la rumeur de la ville, il remplit la surface lisse des romans minimalistes. La littérature fait alors acte de résistance mémorielle, même lorsqu’elle suit l’asymptote qui mène au « cœur dur, blanc et vide du monde. »