John Foster Dulles, secrétaire d'état, et la France (1953-1959) : les relations franco-américaines entre idéalisme politique et réalités militaires
Auteur / Autrice : | François David |
Direction : | Georges-Henri Soutou |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Histoire des relations internationales |
Date : | Soutenance en 2006 |
Etablissement(s) : | Paris 4 |
Résumé
John Foster Dulles laisse l'image d'un "Cold Warrior", alors que l'unité européenne est son vrai combat. Secrétaire d'Etat en 1953, il se donne pour priorité, avec son ami Jean Monnet, d'interrompre le cycle des guerres européennes, en substituant le fédéralisme aux souverainetés nationales. Ce projet personnel s'insère dans le "New Look" stratégique du président Eisenhower. Pour faire pièce à l'Armée rouge, sans se ruiner, les Etats-Unis explorent deux voies : d'abord, constituer une Europe continentale puissante grâce à la Communauté Européenne de Défense ; ensuite, nucléariser systématiquement les forces occidentales. Dans les deux cas, la France se situe au cœur de la politique de Dulles. Mais Diên Biên Phu, puis le rejet parlementaire de la CED, sonnent le glas de ses espoirs européens. Dulles considère désormais la France comme une alliée de moins en moins fiable, dont il doit limiter la capacité de nuisance, comme en témoigne son attitude durant la crise de Suez : la France doit renoncer à une politique mondiale, sous peine de provoquer des catastrophes en chaîne et de nuire à l'Occident face aux nations en développement. Quant à la nucléarisation des forces atlantiques, Eisenhower et Dulles contrent les tentatives françaises d'instaurer un partenariat stratégique franco-anglo-américain et de devenir une puissance nucléaire. Au total, Dulles doit surtout composer avec les problèmes de défense, alors qu'il nourrissait un projet de paix et de prospérité pour l'Europe. Dans les années cinquante, les relations franco-américaines illustrent cette difficulté d'appliquer une diplomatie idéaliste sans toujours donner leur dimension exacte aux réalités militaires.