Philippe Quinault ou la naissance de l'opéra français
Auteur / Autrice : | Sylvain Cornic |
Direction : | François Moureau |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Littérature et civilisation française |
Date : | Soutenance en 2007 |
Etablissement(s) : | Paris 4 |
Résumé
La tragédie en musique lulliste fut influencée par la dramaturgie classique mais aussi, à ses débuts, par les choix originaux de Philippe Quinault (1635-1688), représentant tardif de la tragi-comédie irrégulière, dont il convient de réinterpréter les opéras à la lumière de son théâtre parlé. Partant d’un recensement de ce qu’il a retiré du répertoire dramatique et musical de son temps, ce travail étudie la formation de Quinault au théâtre chanté sous l’influence du roman héroïcogalant, de la pastorale, de la tragédie à machines, de la comédie-ballet moliéresque et du ballet de cour et montre comment il est parvenu, par une contribution tardive mais décisive, à surmonter l’échec de l’opéra italien en France et à dépasser l’effort de théorisation remarquable, mais incomplet, de Pierre Perrin, auteur du premier essai de tragédie en musique. Par des traits dramaturgiques et des enjeux théoriques communs, la poétique de la tragi-comédie apparaît en filigrane de la poétique de la tragédie en musique, paradoxalement ainsi fondée comme genre moderne. En réglant par la mise au point d’une formule ad hoc de prologue et l’invention du récitatif la question de la vraisemblance de la mimésis à l’opéra, Quinault mit une dramaturgie de l’enchantement au service d’une thématique du désenchantement : l’étude du cliché de sa « tendresse » et de son libertinage ambigu, entre hédonisme épicurien et scepticisme augustinien, confirme l’intérêt de ce dramaturge inclassable dont le début de réhabilitation mérite d’être prolongé.