Thèse soutenue

Lectrices de romans, lectrices romanesques : différence des sexes, pratique et théorie de la lecture dans le roman (XIXe et XXe siècles)

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Auteur / Autrice : Marie Baudry
Direction : Daniel-Henri Pageaux
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Littérature générale et comparée
Date : Soutenance en 2007
Etablissement(s) : Paris 3
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Littérature française et comparée (Paris ; 1992-....)

Résumé

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Pourquoi s’intéresser aux « lectrices » et non aux personnages lecteurs des deux sexes ? Don Quichotte n’incarne-t-il pas le modèle du genre, devenu fou de trop de lectures ? Il semble pourtant qu’à partir du XIXe siècle le mauvais lecteur soit devenu une mauvaise lectrice : Emma Bovary succède à Don Quichotte, et l’on rencontre de nombreux autres personnages lectrices chez Balzac, Stendhal, Austen, C. Brontë, Pouchkine, Eça de Queiroz… Reflet de la traditionnelle condamnation de l’accès des femmes aux romans, cette spécialisation semble également à l��aune des mutations qui affectent le roman au début du XIXe siècle : mettre en scène une lectrice de mauvais romans permet au roman réaliste de renouveler le problème de la réflexivité romanesque mais surtout de se légitimer contre le « roman pour femmes de chambre » qu’on l’accuse parfois d’être. Si la présence du personnage lectrice est étroitement liée au mouvement de légitimation du roman, comment comprendre que celui-ci réapparaisse au XXe siècle, chez Calvino et Cortázar ? La lectrice incarnera le pôle d’une mauvaise lecture romanesque, opposée à une lecture critique. La proximité de cette antinomie avec le discours des théories de la lecture et de la réception sera parfois troublante, et invitera, en s’appuyant avec circonspection sur les gender studies, à relire la façon dont la théorie construit un modèle de lecture critique qui réitère parfois l’hypothèse d’une différence des sexes de la lecture. D’une poétique centrée sur un personnage, cette étude en viendra à une politique, dans laquelle le personnage lectrice permettra de rendre visible le dispositif dialectique et axiologique qui définit le bon usage du roman.