Enjeux psychiques de l'auto-mise en scène : Christian Boltanski, Annette Messager, David B.

Psychical stakes for self presentation : Christian Boltanski, Annette Messager, David B.

• Auteur / Autrice : Sébastien Lemale
• Direction : Murielle Gagnebin
• Type : Thèse de doctorat
• Discipline(s) : Esthétique et sciences de l'art
• Date : Soutenance en 2007
• Etablissement(s) : Paris 3

Mots clés

Mots clés contrôlés

Beauchard, David (1959-....)

Messager, Annette (1943-....)

Critique et interprétation

Boltanski, Christian (1944-2021)

Dans l'art

Psychanalyse

Art -- 1945-....

Résumé

On tente ici d’analyser psychanalytiquement l’auto-mise en scène en art où l’autobiographie est devenue un genre prolifique après le Body-art, développant des fantasmes « d’auto-engendrement » et un travail d’esquive de deuil selon J-F. Chiantaretto. On confrontera cette hypothèse chez Annette Messager, Christian Boltanski et David B. Pour tenter de déterminer ses spécificités. Christian Boltanski rejoue les évènements de son enfance, sa « petite mémoire », avant de cesser brusquement. Son œuvre met en scène une pulsion de mort omniprésente, manie mensonge, jeu et mélange mais évite la perversion. Malgré l���accumulation, le vide n’est jamais loin, ce qui peut laisser penser que l’auteur se remplit pour combler une béance psychique. Un système pré-introjectif, proche d’une construction en faux-self, caractérisée par des indifférenciations non sadiques et l’identification adhésive. Annette Messager a également eu une période d’auto mise en scène stéréotypée, le Je n’étant guère incarné. Depuis, elle parle perpétuellement d’elle dans ses entretiens, mais le mensonge plane toujours. Son œuvre développe violence et sadisme sur des peluches et animaux empaillés dans de grandioses mises en scènes. Le spectateur peut également se sentir manipulé, mais on peut avancer qu’il ne s’agit peut-être que d’une perversion de transition. David B. Est un dessinateur de bandes dessinées très noires et majoritairement autobiographiques, où il raconte l’épilepsie de son frère et ses désastreuses conséquences sur l’équilibre psychique familial. Par son style, il apparaît que l’épilepsie fraternelle peut être considérée comme la résultante d’une pathologie collective, où il jouerait le rôle de « figurant prédestiné ». (P. Racamier) Par son autobiographie, David B. Sortira de ce carcan pathogène mais sa production est plus une catharsis qu’une auto-analyse. L’analyse montre, au-delà de leurs spécificités, un commun fantasme d’auto-engendrement propre à l��autobiographie, mais aussi une évolution, peut-être grâce à l’art, vers plus d’authenticité.

What we are looking for here is to analyse in a psychanalytic way the self presentation in art, where autobiography and as become a prolific kind after the Body-Art, developing fantasies of « self-generation » and a work of mourning evasion according to J. -F. Chiantaretto. We will compare this assumption in the works of Annette Messager, Christian Boltanski and David B. , in order to establish its specificities. Christian Boltanski plays his childhood events again, his « small memory », before suddenly ceasing. His work stages an omnipresent death instinct, handles lies, game, mixtures, but avoids perversion. Despite the accumulation, emptiness is never far, which may let us think that the author fills himself up in order to fill up a psychical gap. It is a pre-introjective system, close to a false-self construction, characterized by non-sadistic lacks of differentiation and adhesive identification. Annette Messager also had a stereotyped self presentation period, the self being not really personified. Since that time, she has perpetually been speaking about herself in her interviews, but lies are always in the air. Her work expands violence and sadism over soft toys and stuffed animals in imposing shows. The spectator may feel manipulated, but we suggest that it may only be a perversion of transition. David B. Draws quite dark and mostly autobiographical comic-strips, in which he describes his brother’s epilepsy and its dreadful consequences on the family’s psychical stability. Through his style, it appears that his brother’s epilepsy may be considered as the result of a collective pathology, in which he would play the role of « predestined walk-on » (P. Racamier) Through his autobiography, David B. Gets out of this pathogenic iron collar, but his production looks more like a catharsis than a self-analysis. This analysis shows beyond their specificities, the same self-fathering fantasy - a distinctive feature of autobiography - but also an evolution, thanks to art, towards more authenticity.