Procédé électro-Fenton : développement et application à la dégradation d'herbicides atrazine, glyphosate et sulcotrione, et à la dépollution d'un effluent agricole
Auteur / Autrice : | Beytül Görkem Balci |
Direction : | Mehmet Ali Oturan |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Géomatériaux |
Date : | Soutenance en 2007 |
Etablissement(s) : | Université de Marne-la-Vallée (1991-2019) |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
Cette étude porte sur l’application d’un procédé électrochimique d’oxydation avancée, le procédé électro-Fenton, au traitement des eaux usées contenant des polluants organiques persistants tels que les herbicides. Un oxydant très fort, le radical hydroxyle, est généré in situ de manière électrocatalytique. Ce radical est capable d’oxyder n’importe quel molécule organique jusqu’au stade ultime d'oxydation, c'est-à-dire la minéralisation (transformation en CO2 et H2O). La dégradation/minéralisation de trois herbicides (atrazine, glyphosate et sulcotrione) a fait l’objet de ce travail. L’atrazine est un herbicide qui a été très largement utilisé dans le passé et interdit récemment en France à raison de son impact négatif sur l’environnement. L’atrazine et le glyphosate constituaient les polluants chroniques des eaux de surfaces et souterrains des deux dernières décennies. L’atrazine et ses métabolites seront présents dans les eaux encore pendant plusieurs années. Le glyphosate, qui a été présenté comme une molécule biodégradable initialement, s’est révélé très toxique et persistant au travers de son métabolite l’AMPA. L’atrazine et le glyphosate sont bien connus comme herbicides problématiques quant à leur traitement. L’atrazine est une des molécules rare qui résiste à la minéralisation par les procédés d’oxydation avancée. Quant au glyphosate, sa dégradation est très peu étudiée à cause de difficulté d’analyse. Après avoir optimisé les paramètres opératoires du procédé électro-Fenton (nature et concentration du catalyseur, l’utilisation d’une anode en diamant dopé au bore à la place de Pt, etc. ) afin d’augmenter son efficacité, nous l’avons appliqué au traitement des solutions aqueux d’herbicides. En premier lieu, nous avons identifié et effectué le suivi quantitatif des intermédiaires réactionnels aromatiques et aliphatiques formés lors du traitement. La libération des ions minéraux a été mise en évidence par chromatographie et leur évolution au cours de l’électrolyse a été suivie. L'efficacité de minéralisation des solutions traitées a été déterminée par l’analyse du carbone organique total. Dans le cas de l'atrazine, un taux de minéralisation de 81 % a été obtenu. Un taux si élevé n'est jamais rapporté par un procédé d'oxydation avancée. L’étude cinétique de la dégradation des herbicides étudiés a permis de déterminer les constantes de réaction apparentes de dégradation par les radicaux hydroxyles. Les constantes de vitesse absolue (kabs) de réaction des radicaux hydroxyles sur les herbicides étudiés ont été mesurées par la mise en oeuvre de la méthode de cinétique de compétition. Les valeurs de (2,58 ± 0,4) x 10 [exposant] 9 M-1s-1, (2,9 ± 0,4) x 10 [exposant] 9 M-1s-1 et (3,64± 0,4) x 10 [exposant] 9 M-1s-1 ont été trouvées respectivement pour l’atrazine, la sulcotrione et le glyphosate. Le procédé électro-Fenton a été aussi appliqué au traitement d'un effluent réel, un cocktail de pesticides viticoles, fourni par le Lycée Agricole de Libourne. Une minéralisation quasi-totale a été obtenue sans ajout de catalyseur et sans barbotage de l'oxygène