L'expérience ouvrière de Simone Weil : la philosophie au travail
Auteur / Autrice : | Nadia Taïbi |
Direction : | Jean-Jacques Wunenburger |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Philosophie |
Date : | Soutenance en 2007 |
Etablissement(s) : | Lyon 3 |
Résumé
Lorsque Simone Weil est embauchée chez Alsthom en décembre 1934, son engagement politique n'est pas étranger à sa décision cependant c'est en tant que philosophe qu'elle se rend à l'usine. A ce titre, elle questionne non pas l'exploitation des ouvriers mais, l'oppression qui la supporte. Le plus opprimant à l'usine est l'inversion constante des moyens et des fins par lequel les hommes se trouvent au service des machines. L'usine forme un espace utopique où la rationalisation nie toute forme de représentation personnelle de l'effort accompli. Simone Weil dévoile l'usine comme un lieu du prestige où les effets sont détachés des causes, comme par magie. A mesure que la rationalisation s'impose comme division du travail en tâches simples les choses se complexifient pour l'ouvrier. Simone Weil dira ainsi que « l'aventure de Descartes a mal tournée ». Elle entre à l'usine en pensant rencontrer le réel et le découvre comme fiction. La réflexion sur l'usine porte sur sa structure déréalisante, elle renvoie à une certaine conception de la science et de la technique où s'imposent des signes. Simone Weil met l'accent sur ce qui en résulte une organisation bureaucratique, totalitaire. L'ouvrier figure le sans droit celui qui n'a plus que sa vie à marchander. Ainsi, le questionnement de Simone Weil, en lui permettant de mettre à mal les différentes idéologies censées recouvrir la question de la condition ouvrière, répond au problème urgent pour tout philosophe d'expérimenter ce que signifie penser.