Fleuves et action urbaine : de l’objet à l’argument géographique : le Rhône et la Saône à Lyon, retour sur près de trente ans de « reconquête » des fronts d’eau urbains
Auteur / Autrice : | Claire Gérardot |
Direction : | Franck Scherrer |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Géographie, aménagement et urbanisme |
Date : | Soutenance en 2007 |
Etablissement(s) : | Lyon 2 |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
Les changements actuellement subis par de nombreux fronts d’eau urbains, maritimes ou fluviaux, portuaires ou non, constituent un phénomène majeur de l’urbanisme contemporain, souligné par de nombreux auteurs comme par l’émergence d’un vocabulaire spécifique, riche en préfixe - re (« reconquête », « retrouvailles », « réconciliation », « redécouverte », etc. ), le distinguant de la simple réaffectation de délaissés urbains. En tant que déclinaison particulière de l’action urbaine contemporaine, cette réévaluation de la relation ville / fleuve constitue une clé de lecture originale des processus plus généraux de production de l’espace urbain. Que signifie aujourd’hui cette volonté de « reconquérir » le fleuve urbain ? Comment cette préoccupation émerge-t-elle sur l’agenda politique local ? Portée par quels acteurs ? Par quels objectifs ? Dans quelle mesure s’articule-t-elle avec une intention plus globale pour la ville ? En quoi est-elle révélatrice des mécanismes contemporains de fabrication de la ville ? Lyon se révèle, au regard de ces interrogations, un terrain d’étude particulièrement adapté. De l’épaisseur « géographique » (deux fleuves, un confluent, quatre façades fluviales) et « historique » (trente ans pour un processus immédiatement contemporain) attachée à la relation ville / fleuve découlent en effet des opérations de « reconquête » riches et variées qui permettent d’enrichir les débats entourant la réaffectation de ces espaces urbains stratégiques. Ainsi seront analysées les manifestations de ce que l’on appelle aujourd’hui communément la « reconquête » des fleuves et fronts d’eau urbains, sur le plan tant de l’urbanisme et de l’architecture que des usages ou des représentations, dans une perspective, notamment, d’évaluation de celle-ci en tant que « rupture » ou « renouvellement ». Mais l’objectif principal n’est pas, ici, de proposer une nouvelle monographie illustrant, par un retour exhaustif sur la lente transformation des fronts d’eau lyonnais, un processus déjà abondamment décrit et analysé. Si cette étape reste nécessaire, afin de mieux cerner le phénomène dans toutes ses implications, matérielles comme idéelles, notre recherche se fonde avant tout sur une approche « compréhensive » de ce dernier, visant à en dégager le sens, notamment au niveau de l’action sur la ville. L’intérêt du cas lyonnais est, de ce point de vue, d’autoriser une lecture généalogique critique de cette « ré-émergence » de l’espace fluvial lyonnais au cœur des préoccupations urbaines, de comprendre comment, et avec quelles implications, un objet géographique, la relation ville / fleuve, est devenu, à Lyon, un objet politique servant de support à un programme d’action urbaine. Notre propos n’est cependant pas de proposer une analyse exclusivement politique de la « reconquête » du Rhône et de la Saône à Lyon (étude des mécanismes de décision, mise en évidence des systèmes d’acteurs en jeu, évaluation des forces et faiblesse de ce qui s’apparente à un véritable programme d’action…), même si nous reviendrons, par exemple, sur l’émergence de celle-ci en tant qu’objet politique. Nous chercherons bien davantage, dans une perspective plus interprétative qu’heuristique, à comprendre pourquoi et comment la relation ville / fleuve a été, à Lyon, repensée en problème politique, dans quels buts, selon quels objectifs et avec quelles visées pour l’ensemble du territoire urbain.