Contribution à la modélisation de la dynamique de construction d’une identité professionnelle : Étude longitudinale de la représentation du métier militaire de sous-officiers et engagés volontaires dans l’armée de Terre
Auteur / Autrice : | François-Xavier Marchand |
Direction : | Robert Martin |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Psychologie |
Date : | Soutenance en 2007 |
Etablissement(s) : | Lyon 2 |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
Nous avons cherché à saisir la dynamique de construction d’une identité professionnelle de jeunes recrues sous-officiers et engagés volontaires de l’armée de Terre. Pour cela nous avons constitué un corpus des dimensions essentielles et déterminantes de ce processus interactionniste. Après avoir brossé les caractéristiques contemporaines du milieu militaire dans lequel sont plongées les recrues, nous abordons le concept de représentation. Tout individu, pour comprendre ce qui l’entoure construit des représentations y compris des représentations de soi. C’est pourquoi ce concept est indispensable à la compréhension du système d’interprétation qui régit la relation du sujet au monde et aux autres. Au-delà de simples croyances, les représentations constituent une grille interprétative des attitudes et comportements. L’approche structurale permet de mettre en évidence le contenu et la structure de la représentation de soi comme militaire à des moments-clés, de la formation initiale à la vie quotidienne en unité opérationnelle. Cette représentation évolue dans le temps et conditionne la construction de l’identité. Pour comprendre ces transformations en cours d’apprentissage, puis lors de la mise en œuvre des savoir-faire et savoir être acquis, nous nous référons, d’une part, aux neurosciences cognitives sous l’angle des mécanismes de la mémoire et, d’autre part, à des concepts de psychologie cognitivo-comportementale dans la perspective des mécanismes d’apprentissage vicariant et du sentiment d’efficacité personnelle. La présentation des fondements théoriques du concept d’identité individuelle et collective permet d’embrasser ce que recouvre la notion d’identité professionnelle. Pour cela, nous explicitons la notion d’identité sociale en insistant sur l’importance du passage à l’âge adulte, période à laquelle sont confrontés les sujets de notre recherche de terrain. Puis, nous précisons notre propos en abordant l’identité professionnelle, l’intrication de l’identité avec la notion de représentations et des identités au travail. L’étude longitudinale vise à mettre en évidence le contenu et la structure des représentations du métier militaire et leurs transformations afin de cerner la dynamique de construction de l’identité professionnelle. Pour cela, une méthodologie plurielle est indispensable au recueil et au traitement des données. L’approche lexicographique retenue est mise en œuvre par les techniques de recueil (entretiens et questionnaires d’association libre sur inducteur) et d’analyses de traitements statistiques descriptives, d’analyses de données textuelles et d’analyses de similitude (analyses prototypiques et catégorielles). Les résultats font ressortir le contenu et la structure de la représentation de soi comme militaire étudiée aux moments-clés des premiers mois passés sous l’uniforme. L’identité professionnelle se fonde en partie sur le modèle institutionnel. La transformation est différentielle. Elle concerne à la fois le noyau central et les éléments périphériques. Elle s’exprime selon un mode intra individuel et en fonction du statut des militaires. Le contenu des représentations permet de comprendre et d’expliquer les attitudes et comportements constatés au cours de l’étude, notamment par l’expression d’une zone muette de la représentation. Les transformations constatées mettent en évidence un processus de cercle vertueux du sentiment d’efficacité personnelle et d’estime de soi pour les uns et un cercle vicieux sur les mêmes processus cognitivo-affectifs pour les autres. Ces composantes affectives, cognitives et comportementales observées dans les propos tenus peuvent être réinterprétés par la théorie du sentiment de justice ou d’injustice ressentie, qui a un impact sur la représentation de soi et sur le degré d’implication. Ainsi, selon les individus et leurs statuts, l’identité professionnelle est plus ou moins bien élaborée et exprimée en tant que représentation de soi comme militaire.