Entre sagaïes et médailles : processus colonial de reconnaissance des chefs kanak en Nouvelle-Calédonie, 1878-1946
Auteur / Autrice : | Anne-Laure Jaumouillié |
Direction : | Guy Martinière, Charles Illouz |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Histoire contemporaine |
Date : | Soutenance en 2007 |
Etablissement(s) : | La Rochelle |
Résumé
Dès la prise de possession de la Nouvelle-Calédonie, l’administration coloniale a su utiliser les indigènes qu’elle reconnaissait comme des chefs pour asseoir la tutelle française. Elle sut utiliser pour cela un arsenal de distinctions honorifiques, qui parvint à séduire et à renforcer la position des chefs. Mais si certains d’entre eux ont semblé collaborer avec le personnel administratif, d’autres se sont rebellés, d’autres encore ont alterné ces deux pratiques. Au-delà d’un apparent loyalisme ou d’une systématique résistance des leaders kanak, ce travail envisage l’engagement de ceux-ci dans un contexte plus global, en les replaçant dans leurs systèmes relationnels propres. Rapports de force et enjeux internes au monde kanak, relations avec missionnaires, colons et administrateurs coloniaux en dressent les principaux cadres. Il s’agit ainsi de déconstruire l’idée selon laquelle les chefs étaient acquis ou réfractaires à l’action coloniale, et de montrer l’enchevêtrement des projets sociaux auquel chacun des acteurs de la colonisation contribua. Les parcours de trente-six chefs sont suivis entre 1878, date de la première révolte kanak, et 1917, date du dernier mouvement insurrectionnel. Les chefs acquirent peu à peu la maîtrise du discours colonial qui leur permit de s’émanciper des pressions de l’administration. Les engagements de leurs héritiers sont à leur tour examinés jusqu’à la fin du Code de l’Indigénat en 1946, afin de mesurer l’efficacité du discours politique qui leur fut transmis.