Evolution naturelle des éléments présents à l'état de traces (métaux lourds, métalloides, terres rares (REE) et isotopes du plomb) dans la carotte de glace EPICA/Dome C (Antarctique de l'Est) de 263,000 à 671,000 ans avant nos jours
Auteur / Autrice : | Alexandrine Marteel |
Direction : | Claude Boutron |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences de la Terre, de l'Univers et de l'environnement |
Date : | Soutenance en 2007 |
Etablissement(s) : | Université Joseph Fourier (Grenoble ; 1971-2015) en cotutelle avec Università degli studi di Siena (Italia) |
Mots clés
Mots clés libres
Résumé
L’étude du climat implique nécessairement la collecte et le traitement d’une grande quantité de données obtenues par l’analyse d’archives climatiques telle que les carottes de glace. Dans ce contexte, ce travail présente le plus long enregistrement jamais obtenu d’éléments crustaux, métaux, métalloïdes, terres rares, mercure et isotopes du plomb. Cet enregistrement a été possible grâce à un forage récent réalisé en Antarctique de l’Est permettant d’obtenir une carotte de glace profonde (EPICA/Dome C, 3270 m). Ces éléments ont été étudiés dans de nombreuses sections de la carotte de glace EPICA/Dome C de 263 000 à 671 000 ans avant nos jours. L’analyse d’éléments crustaux, métaux, métalloïdes, terres rares, mercure ont été réalisées grâce à un spectromètre de masse à secteur magnétique couplé à un plasma induit. La caractérisation des isotopes du plomb et l’analyses de methylmercure et mercure inorganique ont quant à elles étaient rendues possible par l’utilisation d’un spectromètre de masse à ionisation thermique et d’un spectromètre de masse à temps de vol couplé à un plasma induit. Ces analyses ont toutes été effectuées en salle blanche. L’étude des éléments crustaux (V, Cr, Mn, Fe, Co, Rb, Ba et U) a permis de quantifier les variations naturelles des flux de ces éléments dans les glaces de l’Antarctique de l’Est de 263 000 à 671 000 ans avant nos jours. On a remarqué de fortes variations naturelles de concentration et de flux au cours de ces 6 cycles climatiques, avec des flux de retombées plus faibles pendant les périodes chaudes (interglaciaires) et des flux plus fort pendant les périodes froides (maxima glaciaires). De plus, ces apports augmentent brutalement en Antarctique de l’Est quand δD ≤ - 430‰. Pour la première fois, les terres rares ont pu être analysées dans une carotte de glace profonde. Les variations temporelles et la provenance des terres rares, d’origine crustale, dans l’Antarctique de l’Est ont été étudiées de 263 000 à 671 000 ans avant nos jours. Ainsi, l’origine géographique des éléments crustaux pendant les périodes glaciaires et interglaciaires a été précisée grâce à la comparaison de données de terres rares obtenues dans la carotte EPICA/Dome C et celles provenant de régions potentielles d’origine des aérosols de l’hémisphère austral. L’Australie et la province de Córdoba apparaissent comme étant les sources dominantes à part égales sur le plateau de l’Antarctique de l’Est au cours des maxima glaciaires peu prononcés (MIS 12. 2, 12. 4 et 14. 2). Différemment, les maxima glaciaires plus prononcés (MIS 8. 2, MIS 10. 2, 10. 4 et16. 2) montrent des ratios différents : ces éléments crustaux proviennent à 80-90% de la région de Cordoba et à 20-10% de l’Australie. Pendant les périodes interglaciaires, l’Amerique du Sud (Argentine du Sud, Argentine Centrale, et peut-être la Patagonie), les montagnes Transantarctiques (glacier Koettkitz) et l’Australie apparaissent comme étant les sources dominantes au Dome C. Les concentrations des métaux et des métalloïdes ont été mesurées de 263 à 671 ka BP afin d’examiner la variabilité à long-terme de ces éléments, d’évaluer les contributions de sources naturelles et les modes de transport. De fortes variations naturelles de concentration et de flux au cours de ces 6 cycles climatiques ont été observées, avec des flux de retombées plus faibles pendant les périodes chaudes (interglaciaires) et des flux plus fort pendant les périodes froides (maxima glaciaires). Cependant, certains métaux varient plus que d’autres. En particulier, l’approche isotopique du plomb apporte une contribution importante dans l’interprétation des variations de compositions de poussières d’origine crustale en Antarctique. Finalement, pour la première fois, le mercure total, le methylmercure et le mercure inorganique ont été mesurés dans une carotte de glace profonde. Cette analyse montre des concentrations qui varient considérablement au cours des derniers 671 000 ans, avec de faibles valeurs pendant les interglaciaires et de fortes valeurs pendant les périodes les plus froides. L’analyse de ces éléments a permis de déterminer les variations en paleoproductivité océanique et de mieux comprendre les procédés de dépôts de mercure au cours des derniers 671 000 ans.