La réception du Canon d'Avicenne : médecine arabe et milieu universitaire en Italie avant la Peste noire
Auteur / Autrice : | Joël Chandelier |
Direction : | Danielle Jacquart |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Histoire des sciences au Moyen-Âge |
Date : | Soutenance en 2007 |
Etablissement(s) : | Paris, EPHE |
Partenaire(s) de recherche : | autre partenaire : École pratique des hautes études. Section des sciences historiques et philologiques (Paris) |
Jury : | Examinateurs / Examinatrices : Élisabeth Crouzet-Pavan |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
Cette étude tente de comprendre comment le Canon, encyclopédie rédigée par Avicenne au début du XIe siècle et traduite en latin à la fin du XIIe, est devenu pour plusieurs siècles le manuel de base de l'enseignement de la médecine en Italie. Après des débuts hésitants, le livre d'Ibn Sīnā a peu à peu imprimé sa marque sur les programmes des facultés naissantes, imposant ses choix intellectuels et son orientation philosophique. De fait, la patiente intégration de l'oeuvre, réalisée dans un milieu scientifique italien caractérisé par une véritable compétition entre les maîtres et les universités, commence avec la figure de Taddeo Alderotti (m. 1295), premier commmentateur du Canon, et culmine avec le travail de Gentile da Foligno (m. 1348), qui expose presque l'intégralité de l'ouvrage. L'analyse des textes conservés et des structures d'enseignement de la médecine permet de mettre en lumière le rôle fondamental de la pédagogie dans ce processus, mais aussi l'importance de la diffusion des commentaires sous forme manuscrite ou imprimée, expliquant la longévité de cet ouvrage qui, plus qu'ailleurs en Europe, supplante les autres autorités grecques ou arabes. Enfin, l'étude de plusieurs thèmes majeurs démontre comment le Canon a pu durablement influencer la conception médiévale de la médecine. D'un point de vue épistémologique, il a eu pour effet de valoriser l'autonomie de la science et le recours à l'expérience. D'un point de vue plus pratique, ses partis pris et ses innovations ont favorisé la naissance d'idées et de débats nouveaux dans la discipline, annonçant souvent les évolutions de la fin du Moyen Age et du début de l'époque moderne