Les entrepôts de la baraka : du grenier collectif à la zawya : réseaux du sacré et processus de patrimonialisation dans l'Atlas et Maroc présaharien
Auteur / Autrice : | Salima Naji |
Direction : | Tassadit Yacine |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Ethnologie et anthropologie sociale |
Date : | Soutenance en 2007 |
Etablissement(s) : | Paris, EHESS |
Résumé
Ce travail est parti d'une question : comment le grenier collectif de l'Atlas (agadir), survit-il à la "modernité" alors que partout ailleurs dans le Maghreb, il s'est définitivement éteint? Les terrains de recherche conduits durant plusieurs années du Haut-Atlas à l'Anti-Atlas (300 greniers actifs, moribonds ou ruinés) dans l'objectif de réactualiser les données coloniales soutiennent l'idée d'une communauté élargie, au delà des liens du sang, dont l'institution collective de l'agadir sacré affirme l'identité. Car c'est à dates fixes chaques année que toutes les tribus possédant un grenier actif apportent leur dons aux grandes zawya-s méridionales placées sur les franges présahariennes et renouvellent alors leur allégeance par serment aux grands Saints régionaux (Imin' Tatalt, Tamegrout, Tazerwalt, Timggilsht). Relation singulière décrite ici pour la première fois et qu'il convient d'appeler le système (zawaya-grenier], système par lequel circule une partie des biens nourriciers produits dans ces régions, rendant indispensable le grenier. Les circulations de dons apparaissent bien comme les prestations totales d'un système articulé autour de la baraka. Ainsi que le montre d'abord, le réseau des greniers de villages des Ayt Ubiâl (Sirwa), puis des tribus réunies en masse autour de la zawya d'Imi n'Tatelt (Anti-Atlas oriental). Les règles cependant évoluent, polarisées distinctement par les deux "institutions-choses" que sont la religion, d'un part, et le patrimoine, de l'autre, selon des logiques de rupture, d'effacement des mémoires et de réécritures des pratiques individuelles et collectives.