Architecture fonctionnelle des réseaux neuronaux impliqués dans la nociception méningée : approche expérimentale chez le rat
Auteur / Autrice : | Rodrigo Noseda Ronco |
Direction : | Luis Villanueva |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Neurosciences |
Date : | Soutenance en 2007 |
Etablissement(s) : | Clermont-Ferrand 1 |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
Les céphalées constituent un problème de santé majeur. Les mécanismes neurobiologiques à l'origine de la douleur migraineuse sont méconnus. Des études pré-cliniques et cliniques ont montré une cascade d'événements qui se produisent lors de la crise migraineuse, impliquant les phénomènes de sensibilisation méningée et centrale. Dans le système nerveux central, les neurones trigémino-vasculaires des premiers segments cervicaux et du noyau caudal du trijumeau (Sp5C) véhiculent les messages nociceptifs issus des méninges vers des régions supramédullaires. L'objectif principal de cette thèse a été d'étudier chez le rat, l'architecture fonctionnelle des circuits neuronaux centraux impliqués dans la nociception méningée. Dans un premier temps, nous avons mis en évidence un réseau neuronal très étendu, issu des neurones trigémino-vasculaires du Sp5C. Ce réseau constitue le maillon central sous-tendant la perception de la douleur et des nombreux symptômes qui accompagnent les céphalées. Les noyaux trigéminaux caudal, oral et principal, le noyau du faisceau solitaire, l'aire parabrachiale, la substance grise périacqueducale, ainsi que les noyaux thalamiques du groupe postérieur et ventrobasal sont densément innervés par le Sp5C. Quelques régions du tronc cérébral innervées par le Sp5C sont en relation étroite avec la peptide CGRP et le récepteur à la sérotonine 5HT1D, deux molécules impliquées dans les mécanismes des migraines. L'hypothalamus semble jouer un rôle important dans les céphalées trigéminales autonomiques. Ces céphale��es sont caractérisées par des douleurs unilatérales extrêmement sévères, associées à plusieurs symptômes d'origine autonomique dans le territoire oculo-facial. Nous avons tracé les connexions des réseaux hypothalamiques qui seraient en mesure de moduler directement l'activité des neurônes du Sp5C. La région capsulaire dorsomédiale, ventrale et postérieur du noyau hypotalamique paraventriculaire (PVN) projette de manière précise et dense sur la couche I et II externe du Sp5C. Ces projections sont en relation étroite avec des récepteurs à la sérotonine 5HT1D et la neuropeptide CGRP. Cette même région hypothalamique projette sur d'autres régions qui participent à la modulation de la nociception méningée et des activités autonomiques. On a proposé que la dépression corticale envahissante (CSD) jouerait un rôle clé dans le déclenchement des migraines et dans la sensibilisation des nocicepteurs méningés. Afin d'étudier la corrélation entre l'excitabilité corticale et la nociception méningée nous avons étudié l'organisation des réseaux cortico-trijumeaux. L'innervation du Sp5C est strictement latéralisée et issue principalement des cortex somatosensoriel primaire (SI) et insulaire (INS). Le cortex S1 innerve les couches profondes tandis que l'INS innerve seulement les couches superficielles du Sp5C, ces deux régions contiennent l'ensemble des neurones niciceptifs trigémino-vasculaires. Il existe une relation étroite entre les projections du cortex insulaire sur le Sp5C, le récepteur à la sérotonine 5HT et le peptide CGRP, et une absence de la relation pour le cortex S1. Enfin, l'induction de la CSD dans le cortex S1 provoque une inhibition simultanée des réponses tactiles cutanées et nociceptives méningées des neurones Sp5C. En revanche, une facilitation sélective des réponses nociceptives méningées est provoquée lors de la manipulation du cortex insulaire. Cette étude renforce l'hypothèse selon laquelle la CSD serait en mesure d'interagir spécifiquement avec des mécanismes endogènes de modulation à l'origine du déclenchement de la céphalée migraineuse. En conclusion, ce travail souligne l'intérêt des études consacrées à l'élucidation de l'architecture fonctionnelle des réseaux nociceptifs méningés, afin de mieux comprendre le mécanismes à l'origine des céphalées.