Naissance d'une esthétique de la prose de langue française : les enjeux de l'opposition prose poésie dans l'histoire des discours rhétoriques et poétiques de l'antiquité aux lumières
Auteur / Autrice : | Jean-François Castille |
Direction : | Carole Dornier |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Langue et littérature françaises |
Date : | Soutenance en 2007 |
Etablissement(s) : | Caen |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Littératures, cultures et sciences sociales (Caen ; ....-2011) |
Mots clés
Résumé
Loin d’être une norme immuable et intangible, l’opposition entre la prose et la poésie a une histoire, au fil de laquelle elle enregistre des mutations et des évolutions. Le clivage entre prose et vers, formalisé dès les premiers traités de rhétorique de l’Antiquité, lui donne, certes, une consistance théorique, mais la doctrine du nombre oratoire montre à quel point cette représentation dualiste du discours littéraire est problématique. Ce ne sont pas deux, mais trois configurations rythmiques qu’il convient de considérer : un discours astreint à un rythme imposé (le vers) se distingue du discours astreint à un rythme libre (la prose oratoire), ces deux formes d’écriture s’opposant, à leur tour, à un discours étranger à toute forme de rythme (la prose). Tel est le modèle qui impose son autorité jusqu’à la Renaissance, époque à laquelle la doctrine du nombre, mise à l’épreuve des langues modernes, révèle ses limites. Au siècle suivant, à la faveur d’un lent déclin de la rhétorique traditionnelle, l’éloquence, en même temps qu’elle devient un idéal éthique de toute forme d’expression, s’impose comme la seule représentation esthétique de la prose. La Querelle d’Homère marque alors un tournant significatif : les controverses qui s’élèvent sur la légitimité des traductions versifiées invitent à confronter les mérites poétiques comparés de la prose et du vers. Ces débats sont à l’origine d’une crise qui affecte la représentation du poétique. Ils conduiront des poéticiens comme Batteux ou Marmontel à exposer les grandes lignes d’une poétique de l’harmonie susceptible de dépasser le dualisme prose-poésie. Ils définissent ainsi les possibilités d’une esthétique de la prose