Industrie nucléaire et gestion du risque d'accident en Europe : du défaut d'internalisation à l'organisation de la couverture
Auteur / Autrice : | Karine Fiore |
Direction : | Pierre Garello |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences économiques |
Date : | Soutenance en 2007 |
Etablissement(s) : | Aix-Marseille 3 |
Mots clés
Résumé
La production d'énergie nucléaire génère des risques environnementaux et sanitaires au premier rang desquels le risque d'accident. La gestion de ce risque présente deux dimensions : l'une préventive et l'autre compensatoire. Etant donné son caractère catastrophique et imprévisible, le risque nucléaire a toujours fait l'objet d'une gestion spécifique. En Europe, la gestion de ce risque se révèle insatisfaisante. Le régime de responsabilité civile dont bénéficie l'industrie nucléaire conduit à un défaut d'internalisation du risque par l'exploitant et de là, à une insuffisance de la couverture des dommages. Le plafond financier dont fait l'objet la responsabilité civile de l'exploitant nucléaire réduit ses incitations à la prévention des accidents. En limitant sa responsabilité, il diminue également la charge de couverture des dommages auxquels il devrait être exposé. L'organisation de la couverture du risque nucléaire en Europe a été conditionnée par le régime de responsabilité civile mis en place, et en particulier par le plafond financier. Dans sa forme actuelle, cette organisation est inefficace. La capacité financière du marché de l'assurance nucléaire est insuffisante pour indemniser les victimes potentielles d'un accident nucléaire majeur. De surcroît, ce marché est très coûteux pour les exploitants. Dans la perspective du lancement de nouveaux programmes électronucléaires en Europe, la gestion du risque nucléaire doit être reconsidérée afin de mieux répondre aux exigences d'internalisation, de prévention et d'indemnisation. Les exploitants devraient être soumis à l'intégralité des dommages qu'ils sont susceptibles de causer aux tiers par la mise en place d'une règle de responsabilité illimitée. Quant à la couverture de ces dommages, son organisation pourrait être améliorée par la mise en œuvre d'un accord de risk-sharing entre exploitants à l'échelle européenne.